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Terry Reintke et Bas Eickhout, têtes de liste continentales des Verts pour les européennes

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interviewée par Anastasia Becchio pour

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Ils mènent une campagne qui n'est pas des plus faciles pour les Verts : l'eurodéputée allemande Terry Reintke, 36 ans, et son collègue néerlandais Bas Eickhout, 47 ans, sont les têtes de liste des écologistes à niveau continental pour les élections européennes. Les sondages leur prédisent un recul substantiel par rapport au scrutins de 2019, où ils étaient parvenus à devenir le 4e groupe au Parlement européen.

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Terry Reintke et Bas Eickhout élus têtes de liste des Verts européennes pour les élections de juin 2024
Terry Reintke et Bas Eickhout élus têtes de liste des Verts européennes pour les élections de juin 2024
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Si les Verts sont à la peine, c'est avant tout parce que le contexte géopolitique a changé. En 2019, les écologistes avaient le vent en poupe, avec la multiplication des manifestations pour la défense du climat.

À l'époque, « l'émergence de mouvements comme Fridays for future a fait augmenter le soutien de la population partout en Europe à cette cause climatique​​​​​​, observe Jeanette Süss, chercheuse au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa), à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Mais avec la crise Covid, la guerre en Ukraine, la hausse des prix, l'inflation, bien d'autres sujets sont venus sur le devant de la scène et les Verts ont de plus en plus de mal à se battre pour cette cause climatique qui représente quand même l'ADN du parti ».

Face aux divers mouvements de protestation qui ont secoué plusieurs États membres, la Commission européenne a fait des concessions sur le Pacte vert. « En 2019, on avait une Ursula von der Leyen qui nous annonçait son grand projet semblable au projet d'envoyer un homme sur la Lune. Imaginez un instant que JFK ait dit au bout de quatre ans : on est à mi-chemin, on peut s'arrêter là. Le Pacte vert était un bon début, mais nous ne sommes qu’au départ de ce marathon », considère Bas Eickhout lui-même. L'eurodéputé sait de quoi il parle : issu de la gauche écologiste, il a été chercheur à l’Agence néerlandaise pour l'amélioration de l'environnement avant d’être élu député européen en 2009. Deux ans plus tôt, il avait partagé le prix Nobel de la paix avec les autres co-auteurs du rapport du Giec sur le changement climatique.

Aujourd’hui vice-président de la commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire, le Néerlandais est tête de liste pour la deuxième fois d'affilée ; en 2019, il avait mené la campagne européenne des Verts avec l'Allemande Ska Keller. Élu expérimenté, il connait bien les arcanes du Parlement. « Un bon choix », estime Camille Defard, responsable du centre énergie-environnement de l'Institut Jacques Delors. « C'est quelqu'un qui est très technique, qui connait très bien les dossiers et qui a une belle aura politique au sein de l'écosystème », observe-t-elle.

Extrême droite ciblée

De onze ans sa cadette, Terry Reintke est en lice pour un troisième mandat. Lors de sa première élection en 2014, cette native de Gelsenkirchen dans la Ruhr, née un 9 mai, Journée de l'Europe, était alors la plus jeune eurodéputée de l'hémicycle. Elle est aujourd'hui la vice-présidente du groupe des Verts/Alliance libre européenne. Tout au long de la campagne, elle a insisté sur la menace que constitue, selon elle, la montée de l'extrême droite dans les sondages. « Cette menace existe, nous ne pouvons pas le nier », a-t-elle lancé, avant d'appeler les militants et les élus à ne pas rester les bras croisés en s'inspirant d'exemples comme la Pologne, où après huit années de gouvernement populiste Pis, le gouvernement est désormais dirigé par le pro-européen Donald Tusk.

Dans plusieurs pays européens, dont la France et l'Allemagne, l'extrême droite pourrait arriver en première ou deuxième position aux élections européennes. Un mauvais signal pour les Verts, qui, de quatrième force au Parlement, pourraient être rétrogradés à la sixième place, derrière les formations d'extrême droite ID et ECR.

« L'extrême droite arrive à monopoliser sur certains sujets et à présenter le Pacte vert comme une menace pour la compétitivité et comme un monstre bureaucratique », note Jeanette Süss. Face à cela, les Verts ont du mal à convaincre les électeurs sur le fait que compétitivité, croissance et environnement peuvent faire bon ménage. « Ils ont lancé un Pacte vert industriel, comme un contre-exemple de celui présenté par la Commission européenne ​​​​​​​»rappelle la chercheuse.

Les Verts allemands à la peine

Plus connue à Bruxelles qu'à Berlin, Terry Reintke, représentante de Die Grünen, les Verts allemands, eux-mêmes engagés dans une coalition social-démocrate-libérale affaiblie, a fort à faire. Sa désignation est « un pari sur sa capacité à mobiliser les électeurs allemands ​​​​​​​», estime Camile Defard, qui souligne le « poids disproportionné des libéraux par rapport à leur poids électoral dans l'inflexion de ce gouvernement de coalition. Ça ne profite absolument pas aux Verts parce qu'ils sont associés à un gouvernement qui n'arrive pas à faire passer les réformes qu'ils souhaitent ».

À l'échelle nationale allemande, il y a beaucoup de discussions et de polarisation, souligne Jeanette Süss : « Les Verts ont du mal à s'imposer, notamment face aux libéraux, ce qui provoque des discussions houleuses autour de plusieurs mesures environnementales contraignantes. Par ailleurs, les sondages ne leur attribuent pas de véritable compétence sur le plan économique ».

Les mouvements des agriculteurs ont placé les Verts en première ligne des critiques. Les écologistes se disent prêts à continuer à défendre le Green Deal, de plus en plus contesté par certaines catégories, telles que les agriculteurs. La tâche s'annonce délicate : « L'atmosphère, l'humeur du temps en Europe, n'est pas tellement positive pour les thèmes de l'environnement et du réchauffement climatique. Actuellement, l'écologie est un peu en défense plutôt qu'en attaque », note Daniel Boy, directeur de recherche numérique à Sciences Po. Dans ce contexte, souligne-t-il, les Verts ne seront pas en position d'en demander plus. « Rehausser encore plus l'ambition climatique n'est pas la priorité. La priorité, c'est la mise en œuvre des textes qui ont déjà été adoptés », abonde Camille Defard. « Les Verts pâtissent de leurs très grandes ambitions climatiques et du manque de moyens dont on dispose pour les réaliser, que ce soit au niveau européen, national ou local ».

Défini au congrès de Lyon, le projet de programme électoral européen des écologistes européens reste ambitieux. Il souhaite que l'Union européenne atteigne la neutralité climatique d'ici à 2040, soit dix ans plus tôt que prévu.

 

> Cet article est disponible sur le site de RFI.​

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Jeanette SÜẞ

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Terry Reintke et Bas Eickhout élus têtes de liste des Verts européennes pour les élections de juin 2024
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