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Rencontre Macron - Scholz : un nouveau départ entre la France et l'Allemagne ?

Interventions médiatiques |

cité Clément Daniez dans

  L’Express
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Les deux dirigeants se retrouvent ce lundi à Hambourg, dans un cadre informel, pour redonner du dynamisme aux échanges entre Paris et Berlin. Un casse-tête.

Contenu intervention médiatique
"Nous ne sommes d’accord sur rien." Sans pincettes, dans le cadre pourtant feutré de la conférence des ambassadeurs, le ministre allemand de l’Economie, le "Vert" Robert Habeck, a ainsi résumé début septembre l’état des relations actuelles entre la France et l’Allemagne. A Bruxelles, on se désespère de ce trou d'air, attribué au fait que les trois parties formant la coalition au pouvoir à Berlin (libéraux, socialistes et écologistes) ont du mal, eux-mêmes, à trouver des consensus. Dans les couloirs des institutions de l’Union européenne, personne n’ignore que lorsque les Français et les Allemands, qui incarnent deux visions différentes, s’entendent sur un sujet, beaucoup d'autres, en général, s’y retrouvent.

Or, force est de constater que le moteur est en panne. La liste est longue des dossiers sur lesquels les deux partenaires ne parviennent pas à se mettre d'accord. Le plus problématique concerne la réforme du marché européen de l’électricité. Si Paris plaide pour que le nucléaire soit reconnu comme une énergie verte, Berlin, qui y a renoncé à l’époque où Angela Merkel était chancelière, refuse qu’il puisse bénéficier de subventions communautaires. Autre sujet de discorde : l’initiative allemande du "Bouclier du ciel européen" : Berlin n'y a pas incorporé le système sol-air que les Français ont développé avec les Italiens, le SAMP-T (ou "Mamba"). Emmanuel Macron a exprimé à plusieurs reprises son agacement sur ce sujet.

Recoller les morceaux

A l’invitation du chancelier Olaf Scholz, le président français le retrouve dans sa ville de Hambourg, ces 9 et 10 octobre pour recoller tant bien que mal les morceaux. Mais cette fois-ci dans un cadre informel, un peu à la manière d'un séminaire d’intégration : "On va faire du bateau, se promener sur l’Elbe, manger des Brötchen [NDLR : petits pains] au poisson et discuter de moyen, long terme", a expliqué une conseillère élyséenne. Aucun communiqué final n’est à attendre. Il faut dire qu’il risquerait d’être décevant : rien de nouveau n’était ressorti du Conseil des ministres franco-allemands du 23 janvier dernier, à l’occasion des 60 ans du traité de l’Elysée signé par le général De Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer.

"C’est une bonne chose qu’il y ait une volonté d’un nouveau format de travail, plus réduit et plus opérationnel, estime Eric-André Martin, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes de l’Ifri, et auteur d'une nouvelle étude, "Comment la guerre d’Ukraine contraint l’Allemagne à repenser son modèle". Ces conseils des ministres où le seul fait de se retrouver est une valeur en soi ne sont plus forcément la bonne façon de trouver des solutions communes."

Au-delà des sujets qui fâchent, sur lesquels il sera difficile à s’accorder, les dirigeants français et allemand ont prévu deux sessions de travail avec leurs ministres, sur l’intelligence artificielle et la transformation des sociétés industrielles. Objectif : ouvrir "des pistes franco-allemandes qui puissent nourrir l’agenda européen" et "mettre sur la table des initiatives concrètes".

Cette initiative hors cadre en rappelle une autre. En 2000, les divergences sur la réforme des institutions européennes et la politique agricole commune, étalées au grand jour lors d’un sommet à Nice, avaient abouti à une crise de confiance entre Français et Allemands. Pour éviter la rupture, le président Jacques Chirac et le chancelier Gerhard Schröder avaient commencé à se parler directement, en petit comité, dans le cadre informel d’un restaurant alsacien à Blaesheim, en Alsace.

"C'étaient deux bons vivants, il n’y a pas le même potentiel d’alchimie entre l’austère Scholz et Macron, aux tempéraments très différents, mais ils savent qu’ils n’ont d’autres choix que de trouver des façons d’avancer, pour garantir la place de l’Europe dans le monde", souligne Eric-André Martin.

A Bruxelles et ailleurs, on espère que la ballade sur les bords de l’Elbe signera un nouveau départ.

 

 

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Éric-André MARTIN

Éric-André MARTIN

Intitulé du poste

Ancien secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri