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Réélection de Poutine : le net avantage de Davankov dans le vote de la diaspora russe en Europe

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citée par Elisabeth Pierson dans

  Le Figaro
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Le candidat libéral, légèrement plus nuancé sur la guerre en Ukraine, a obtenu la majorité des voix dans de nombreux bureaux de vote européens, alors qu’il ne dépasse pas 4% au niveau national.

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Un score soviétique, certes, mais pas partout. Au lendemain de l’élection présidentielle russe où Vladimir Poutine a été réélu avec 87% des voix, les résultats, définitifs ou encore partiels, montrent un fort contraste entre le vote en Russie et celui de la diaspora, en Europe et dans le Caucase. À Varsovie (Pologne), Prague (République tchèque) ou encore La Haye (Pays-Bas), les résultats officiels donnent une claire majorité à l’opposant libéral Vladislav Davankov. Ce dernier, qui n’obtient pourtant que 3,86% des voix au niveau national en troisième position, marque respectivement 51,01%, 59,89% et 56,88% des suffrages dans ces trois villes. À Erevan également (Arménie), son score est de 49,85%, celui de Vladimir Poutine 32,87%.

En France, où les résultats n’ont pas encore été publiés, un sondage organisé à la sortie des urnes à Paris par des bénévoles montre un résultat similaire. Selon ce sondage réalisé de manière non académique, seulement 11% des Russes dans l’Hexagone auraient voté pour Vladimir Poutine, contre 51% pour Vladislav Davankov, et 28% auraient rendu nul leur bulletin en signe de protestation.

Parmi les trois candidats qui ont joué le rôle d’adversaires fantoches à Vladimir Poutine dans la campagne, Vladislav Davankov, 40 ans et benjamin de l’élection, incarnait un programme plutôt libéral. Cet ancien homme d'affaires est devenu député en 2021 sous les couleurs du parti «Novye liudi» (Nouveau Peuple), puis vice-président de la Douma, la chambre basse du Parlement russe. Sur le plan économique, le parti qu'il dirige défend plus de liberté pour les entreprises, une modernisation de l'économie et une décentralisation de l'État fédéral. Vladislav Davankov, qui s'est aussi présenté à la mairie de Moscou en 2023, où il avait obtenu 5,3% des voix, appelait également à réhabiliter le réseau social Instagram en Russie, interdit depuis 2022.

 

Ouvert aux négociations avec l'Ukraine

Mais il s’est surtout distingué par ses positions les moins pro-guerre de tous, même si ses déclarations sur ce point sont en réalité ambiguës. Au début de l'invasion de l'Ukraine, son parti a été le seul à ne pas soutenir la reconnaissance des républiques de Donetsk et de Lougansk - avant de changer d’avis. Sur son site, le candidat indiquait être favorable à «la paix» par des «négociations» avec l’Ukraine, mais toujours sur la base des conditions de Moscou. Dans son programme, il a appelé à une normalisation des relations avec l'Ouest et plaidé pour la fin de la «persécution des dissidents et de la censure idéologique», mais son parti a voté au Parlement toutes les lois répressives en Russie.

Sous ces maigres signes d’une orientation plus libérale, le candidat soutient pourtant très largement la politique de Vladimir Poutine. Qu’a-t-il fait pour convaincre la diaspora ?

Pour Tatiana Kastoueva-Jean, directrice du centre Russie et Eurasie de l'Ifri, ce vote est avant tout un choix de pis-aller.« Alexeï Navalny avant sa mort et les autres membres de l'opposition dans son sillon appelaient à voter pour tout candidat autre que Poutine. Or, Davankov est le candidat le plus jeune et le moins antipathique, avec son timide message anti-guerre», explique la spécialiste.

La légère nuance affichée par le candidat dans la promotion de l’invasion de l’Ukraine n’était nullement pacifiste, relève la chercheuse, mais avait pour vocation de récupérer les voix protestataires en faveur de Boris Nadejdine, le candidat d’opposition écarté. De fait, Vladislav Davankov avait été le seul candidat à apporter un soutien officiel à la candidature de cet ancien député ouvertement opposé à l'invasion de l'Ukraine, avant que sa candidature ne soit invalidée par le Kremlin.

Ce soutien n’était nullement un signe d’ouverture politique, mais plutôt un jeu de dupe pour aspirer les voix de l’opposition, affirme Tatiana Kastoueva-Jean, qui rappelle que «Davankov est partie intégrante du système, et son parti la création de l'administration présidentielle».

Faute d’alternative, certains membres de l'opposition, comme le blogueur Maxime Katz suivi par de nombreux jeunes, avaient toutefois appelé à voter spécifiquement pour ce candidat.

Son résultat avantageux est ainsi «clairement contestataire contre Poutine», insiste Tatiana Kastoueva-Jean. «Si Nadezhdine avait pu participer, c'est lui qui aurait gagné parmi les Russes de la diaspora», assure la spécialiste.

 

> Lire l'article dans son intégralité sur le site du Figaro

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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

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Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri

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Le Figaro Magazine