Pas à pas, les Etats-Unis accroissent leur aide militaire à Taïwan
Les mécanismes de soutien annoncés par Washington passent par des subventions, accordées jusqu’ici uniquement à des pays souverains, ou par des transferts d’armements, comme pour l’Ukraine.
Pour la première fois, Washington a décidé d’octroyer à Taipei une aide financière exclusivement destinée à l’acquisition d’équipements militaires américains. Annoncée le 30 août, cette aide de 80 millions de dollars (73 millions d’euros), plutôt modeste au regard des dizaines de milliards réclamés depuis longtemps par Taïwan, est néanmoins inédite. Issue du programme Foreign Military Financing (FMF), elle fait partie d’un important mécanisme de soutien, sous forme de prêts ou de subventions, accordé jusqu’ici seulement à des pays souverains. L’Egypte et Israël en sont actuellement les principaux bénéficiaires. La Jordanie, le Maroc, la Tunisie, la Turquie, le Portugal, le Pakistan, le Yémen ou encore la Grèce ont pu aussi, ponctuellement, en disposer.
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« Pour les Etats-Unis, la livraison d’armes à Taïwan est beaucoup plus compliquée qu’avec l’Ukraine », explique Marc Julienne, responsable des activités Chine au centre Asie de l’Institut français des relations internationales. Washington doit composer d’un côté avec la montée de la pression chinoise, de l’autre avec un débat sensible, à Taïwan, sur la nature des équipements réellement nécessaires à Taipei pour se défendre contre un éventuel assaut de Pékin.
Production locale de drones
Depuis 2017, les Etats-Unis encouragent ainsi l’île à se doter d’outils de défense agiles, à la manière ukrainienne, avec la fabrication d’équipements peu coûteux. En mars, une production locale de drones de différentes tailles, dont des drones-kamikazes, a d’ailleurs été lancée.
« Mais, en parallèle, l’armée taïwanaise, très conservatrice, encore favorable à l’identité chinoise et inquiète d’être utilisée comme un pion dans la rivalité avec Pékin, reste attachée à ses grands programmes lents et onéreux. Elle vient notamment de mettre à l’eau un destroyer, et un premier sous-marin doit suivre. Il y a aussi toujours un programme d’avions de combat en cours », détaille M. Julienne.
Face au renforcement de la coercition chinoise, qui s’accentue de jour en jour dans tous les domaines, Washington repousse donc, de plus en plus, les limites de sa coopération militaire avec Taïwan, tout en cultivant, à dessein, « l’ambiguïté stratégique », selon le chercheur. Encadrée par l’accord qui régit les relations entre Taipei et Washington depuis 1979, cette coopération ne prévoit en principe que la fourniture d’« armes défensives ». En mai, Washington a cependant fini par approuver la vente de quatre drones Reaper à Taïwan. Affectés souvent à des missions de surveillance par leurs acquéreurs étrangers, ils peuvent être aussi armés.
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