Paris souhaite entretenir une relation très spéciale avec l’Arabie saoudite
Nouvelle visite à Paris pour une dizaine de jours du sulfureux prince héritier d’Arabie saoudite. Mohammed ben Salman (MBS) a commencé son séjour par un déjeuner de travail avec le président Emmanuel Macron hier, vendredi, au palais de l’Elysée.
Cette visite de MBS en France a déclenché un levier de bouclier du côté des organisations de droits de l’Homme et des partis politiques de gauche. Comment expliquer le retour en grâce Mohammed ben Salmane malgré ses antécédents ? Pour en parler, Jean-Loup Samaan, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et au Middle East Institute de l’université de Singapour, spécialiste des pays du Golfe est l’invité de la mi-journée de RFI.
"La France avait été beaucoup moins dure dans sa condamnation du prince héritier saoudien que n'avaient pu l'être ses voisins européens ou même les États Unis. Le président Macron n'était pas allé au point, comme le président américain, de dire qu'il ferait de Mohammed ben Salmane un paria. Donc, d'une certaine façon, la France avait été déjà en avance par rapport aux autres pays pour la réhabilitation de Mohammed ben Salmane sur la scène internationale. Cette visite s'inscrit dans un ensemble de précédentes visites, de consultations entre les deux chefs d'État. Et donc, d'une certaine façon, ça montre aussi la relation très spéciale que Paris souhaite entretenir avec l'Arabie saoudite." analyse Jean-Loup Samaan.
"Il ne semble pas pour l'instant que les Saoudiens souhaitent aller très loin dans leurs investissements sur le Liban. Et même sur l'Ukraine, ils ont invité le président Zelenski au dernier sommet de la Ligue arabe qui s'est déroulé à Riyad le mois dernier. Mais au-delà de ça, ils n'ont pas vraiment changé leur position diplomatique. Et sur les prix du pétrole, ils poursuivent une politique qui est la politique de leurs propres intérêts, à savoir réduire la production quand ils trouvent que les prix vont trop à la baisse. Et donc là aussi, on voit que d'une certaine façon, les efforts qui sont menés par l'Élysée, pour l'instant, ne conduisent pas à des résultats très probants." décrypte le chercheur associé de l'Ifri.
"Je ne pense pas que le risque soit énorme, parce que sans être cynique, d'une certaine façon, Mohammed ben Salmane est redevenu fréquentable auprès de l'ensemble des grands acteurs internationaux. L'un des grands tournants, c'était la visite de Joe Biden l'été dernier en Arabie saoudite, au cours de laquelle il avait serré la main du prince héritier Mohammed ben Salmane. À partir du moment où vous avez même la grande puissance américaine qui a renoué les liens avec l'Arabie saoudite, le risque reste très faible à mon avis en termes d'opinion publique. Il y a sûrement l'estimation du côté de l'Élysée que cela va faire des remous du côté des militants des droits de l'homme, mais qu'au delà, d'une certaine façon, on accepte, bon an mal an, le fait qu'on ne peut pas faire sans le prince héritier saoudien aujourd'hui." ajoute Jean-Loup Samaan.
Retrouvez l'intégralité de l'émission sur le site de RFI.
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