Niger : les enjeux nationaux et internationaux du coup d'Etat
Le renversement du gouvernement Bazoum met en lumière les différents jeux d'influence qui se jouent au Niger. Niagalé Bagayoko, politologue spécialiste des questions de défense en Afrique, Seidik Abba, journaliste-écrivain et Thierry Vircoulon, chercheur associé à l'IFRI en parlent à 8h20.
Les pays d'Afrique de l'Ouest ont fixé un ultimatum d'une semaine à la junte putschiste au Niger, affirmant ne pas exclure un "recours à la force" et a ordonné un blocus économique. Le président français Emmanuel Macron a lui menacé de répliquer "de manière immédiate et intraitable" à toute attaque contre les ressortissants de la France et ses intérêts au Niger, où des milliers de manifestants favorables au putsch militaire ont ciblé son ambassade à Niamey.
Pourquoi cet échec de la démocratie dans la région Thierry Vircoulon ?
" Il y a beaucoup de raisons à ça mais une des raisons les plus avancées est le fait que dans ces régimes pluralistes -et non démocratiques- avec des présidents élus ont été très corrompus et ils n'ont pas su répondre aux aspirations socio-économiques et sécuritaires de la population. On observe une absence d'attachement à la démocratie. D’ailleurs on voit que les putchs qui ont eu lieu, nous en sommes au quatrième coup d'état dans la région, il ne faut pas oublier la Guinée-Conakry, il n’y a aucune forces politiques ou syndicales qui ne prend la défense des présidents, personne ne réagit en leur faveur et ils sont destitués facilement. C’est la preuve d’un manque d’ancrage politique très fort.'"
Le dispositif est différent que celui connu au Burkina Faso ou au Mali que l’armée française a dû quitter ces derniers mois ; au Niger c’était une nouvelle approche militaire proposée par Paris mais elle ne semble pas fonctionner, pour quelles raisons selon vous Thierry Vircoulon ?
"Non ça ne fonctionnait pas, avec ces derniers mois une baisse des requêtes de l’armée nigérienne pour l’assistance de l’armée française. On est sur la fin de l’aventure sahélienne de l’armée française. La lutte contre le djihadisme a soulevé les opinions publiques contre elle (l’armée française) en Afrique de l’Ouest, par conséquent elle est très impopulaire et cette question de l’impopularité est très lourde et c’est devenu un obstacle majeur en Afrique de l’Ouest."
C’est un sentiment profond dans la population, où il y a une manipulation de l’opinion publique par la junte qui prend le pouvoir ?
"Il n’y a pas de sondage donc c’est difficile à dire mais il y a de nombreuses campagnes sur les réseaux sociaux pour orienter dans ce sens. Les scénarios se répètent à chaque putsch, le lendemain il y a eu une manifestation anti-français devant l’ambassade avec des drapeaux russes, ce sont des actions orchestrées par les putschistes."
... À écouter en intégralité sur France inter
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