L’Ukraine rechigne à relancer les accords de Minsk
Tandis que Paris et Berlin font le forcing pour faire s’asseoir à la même table Moscou et Kiev, cette dernière refuse de négocier avec un pistolet sur la table
On a connu contexte plus facile pour tenter une médiation ! Tandis qu’Emmanuel Bonne et Jens Ploetner, les conseillers diplomatiques d’Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz, cherchaient, jeudi, à Berlin, à pousser Dmitry Kozak et Andriy Yermak, leurs homologues russe et ukrainien, à convaincre leurs patronsVladimir Poutine et Volodymyr Zelensky de s’asseoir à une même table, la tension augmentait encore d’un cran dans la région. Ce même jour, les armées russes et biélorusses lançaient, en effet, des manœuvres conjointes aux portes de l‘Ukraine, en Biélorussie. Au même moment, Moscou élargissait ses exercices navals en Mer noire avec l’envoi de six navires de guerre en Crimée, amenant Kiev à dénoncer le blocage de ses ports au commerce international.
Pas étonnant que, dans cet environnement, Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, n’ait à aucun moment évoqué les accords de Minsk dans son intervention introductive au forum France-Ukraine organisé, jeudi, par l’Institut français des relations internationales (Ifri). « Durant ces derniers mois, Vladimir Poutine a amassé, sans raisons réelles, une force armée sans précédent, plongeant l’Europe dans une crise sécuritaire. Ses exigences sont inacceptables. Ce ne sont pas des propositions de discussions. C’est un revolver armé, posé sur la table », a-t-il dénoncé.
« Si nous pensons que la diplomatie est l’unique voie pour résoudre le conflit, nous sommes prêts à tous les scénarios, même à nous battre car nous savons très bien ce qui se passe en cas de reddition [...] Parlons, cherchons les voies de résolution des problèmes mais sans concessions unilatérales sur les questions fondamentales », a-t-il ajouté. (...)
Outre l’instauration d’un cessez-le-feu dans les zones de conflit - non respecté par les Russes et
ses supplétifs dans les zones disputées comme le constatent quotidiennement les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) - le protocole prévoit, en effet, que Kiev accorde un statut spécial aux deux régions séparatistes.
"Nous avons une différence d’appréciation. La Russie veut que nous en discutions directement avec les intéressés comme si elle jouait un rôle de médiateur dans cette affaire alors qu’elle en est partie prenante. Il y a eu un accord sur la méthode avec la mise sur pied d’une structure pour cela », dénonce Dmytro Kuleba.
« Moscou pense que l’Occident est faible et n’est pas prêt à agir et qu’il n’a pas de vision d’avenir. Il pense que c’est le bon moment pour accroître la tension et exiger des concessions en menaçant. La seule façon d’y répondre, c’est la fermeté et l’unité de toute l’Europe, dont l’Ukraine est une partie inaliénable »,prévient Dmitro Kuleba, Ministre des Affaires Etrangères ukrainien.
Média
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