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L'Europe menacée par les sous-investissements gaziers

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cité par Sophie Amsili dans

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Pour se passer du gaz russe, l'Union européenne a augmenté ses importations en provenance des Etats-Unis, de Norvège et d'Algérie. Mais l'insuffisance de leurs investissements compromet nos approvisionnements futurs.

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Shutterstock/Vytautas Kielaitis
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Exit, ou presque, le gaz russe en Europe. L'année 2022 a vu le continent remplacer en un temps record une très grande part des livraisons de Gazprom par celles d'autres fournisseurs, notamment américains et norvégiens. D'après les données du think tank Bruegel, le gaz russe représentait moins de 8 % des livraisons de gaz en Europe ces dernières semaines (de début septembre à mi-novembre), contre plus de 30 % à la même période l'an dernier. Compensant partiellement cette chute, la part de gaz naturel liquéfié (GNL), importée principalement des Etats-Unis, a doublé à 42 %. Le gaz norvégien a augmenté plus légèrement (de 33 % à 36 %). Et le gaz algérien progressait d'un point, pour dépasser les 9 %.

Quels sont les risques de cette nouvelle répartition ? Dans une note, le cabinet de conseil canadien BCA Research qualifie l'Algérie et l'Azerbaïdjan, deux fournisseurs mineurs mais dont l'importance a progressé, de « cygnes noirs » : des risques très improbables mais dont l'impact serait majeur.

« Les risques ne sont pas plus élevés qu'avant pour l'Europe, mais ils sont différents, estime Matt Gertken, vice-président de BCA Research. L'Algérie est plutôt stable, mais avec la montée des prix alimentaires et du chômage, et le fait qu'il n'y a jamais eu de changement structurel dans ce pays, on ne peut pas exclure le risque d'une déstabilisation. » De même, « alors que la Russie est occupée sur son flanc ouest, l'Azerbaïdjan joue un peu plus les durs avec l'Arménie et l'Iran"», note-t-il.

Une dépendance au GNL dans la durée

Pour Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie & climat de l'Ifri, le risque que pose le gaz algérien se situe plutôt du côté du « double goulot d'étranglement » qui est en train de se produire dans le pays, explique-t-il. « Les Algériens n'investissent pas assez dans leurs centrales à gaz qui sont très vieilles et qui consomment donc trop. La consommation intérieure de gaz augmente de façon incontrôlée. »

Investir dans de nouvelles capacités, le nerf de la guerre. Marc-Antoine Eyl-Mazzega souligne particulièrement le risque d'un investissement insuffisant aux Etats-Unis ces prochaines années, qui aurait un impact majeur sur le marché du GNL dans 5 à 10 ans.

« C'est un vrai problème pour les Européens car leur dépendance au GNL s'inscrit dans la durée. Nous sommes dans un étau pour une quinzaine d'années. Pour l'Europe, cela signifie des coûts plus élevés pour se disputer les cargaisons de GNL, tandis que des concurrents se tourneront, eux, vers le charbon. »

Un risque qui s'ajoute à celui, politique, de mesures protectionnistes aux Etats-Unis en cas de retour au pouvoir des républicains, « pour préserver l'industrie pétrochimique qui veut garder les prix bas, ou pour prendre l'ascendant économique sur le reste du monde », note Marc-Antoine Eyl-Mazzega. Ce scénario est cependant moins évoqué depuis leur victoire en demi-teinte aux élections de mi-mandat.

Surdimensionner le système

Les Européens aussi doivent investir davantage, et même surinvestir, souligne de son côté Thierry Bros, professeur à Sciences Po Paris. « Il faut surdimensionner le système énergétique européen pour ne pas être dépendant de ces pays, explique-t-il. La grande erreur des Européens a été de ne pas investir assez. En Allemagne, Angela Merkel a voulu le gaz le moins cher et elle n'a donc pas investi dans des terminaux d'importation de GNL. »

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> à lire sur le site les Echos

 

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Marc-Antoine EYL-MAZZEGA

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Directeur du Centre énergie et climat de l'Ifri

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