Les secrets de la méthode allemande dans la lutte contre le coronavirus
Avec 28 000 lits en soins intensifs et une stratégie de dépistage massif, l’Allemagne semble mieux préparée à la crise du Covid-19. Elle a, mi-avril, enregistré 3 000 décès, cinq fois moins qu’en France.
Quand toute cette histoire de coronavirus a commencé, Chantal, 72 ans, Franco-Allemande qui vit à Munich depuis cinquante ans, s’est mise à réécouter BFM. « On en parlait peu en Allemagne. J’étais inquiète, d’autant que j’ai une maladie auto-immune. » La Bavière a été l’un des premiers Länder touchés : fin janvier, plusieurs salariés d’une même entreprise revenant de Wuhan étaient infectés.
Après avoir adopté des mesures de « Kontaktverbot », de « distanciation sociale », le Land va plus loin. Le 16 mars, quand Edouard Philippe annonce le confinement en France, l’état de catastrophe est décrété en Bavière. L’Allemagne ne compte pourtant que 12 décès contre 148 en France. Les autres Länder lui emboîteront vite le pas.
Les sermons de Markus Söder
Le 13 avril, notre voisin, qui recense 3 022 décès, est toujours largement en deçà du chiffre des 14 393 morts français. Cela rassure Chantal, qui, sagement confinée, tente d’oublier le Covid sur son balcon en regardant le tram quasi vide passer. Elle a un nouveau rituel : « Ecouter les sermons » de Markus Söder, président de la Bavière, devenu l’une des nouvelles stars politiques de l’Allemagne : « Au début, il nous a engueulés, surtout les jeunes qui faisaient des “fêtes corona”. Maintenant tout le monde a compris. Les gens, ici, respectent les règles ».
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Pour Hans Stark, conseiller pour les relations franco-allemandes à l’Institut français des Relations internationales (Ifri), « pendant que l’Allemagne suivait de très près ce qui se passait en Chine, son premier partenaire commercial, et se préparait, la France était empêtrée dans le débat sur les retraites ». La comparaison entre les deux « amies » est cruelle pour la France. Hans Stark raconte pourtant qu’il y a un an, « une étude préconisait en Allemagne aussi la fermeture de près de la moitié des hôpitaux, fustigeant un suréquipement sanitaire. Aujourd’hui, c’est ce suréquipement qui fait qu’on est mieux préparés ! »
« Le fédéralisme est un atout. La santé, c’est une prérogative des Länder, qui investissent beaucoup dans ce domaine. Et puis, il y a un consensus national sur les priorités budgétaires. L’Allemagne n’a pas les capacités militaires de la France, mais elle a cinq fois plus de lits de réanimation. Elle investit aussi beaucoup dans la recherche, les labos ».
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