Les dessous de la bataille française contre la désinformation russe
Depuis quelques jours, une fausse vidéo de BFMTV, issue de la propagande prorusse, alimente la psychose sur les punaises de lit en France. Une fake news de plus, innombrables ces derniers temps. Enquête sur les dessous d’une lutte quotidienne face à Moscou.
C’est le dernier exemple en date, mais on ne les compte plus. Depuis quelques jours, rapporte Le Point, des réseaux d’influence russes ont partagé une vidéo sur Telegram assurant que des journalistes faisaient l’objet d’une enquête de la DGSI et d’une suspension de leurs rédactions pour avoir écrit sur les punaises de lit.
C’est complètement faux, mais l’infox était une nouvelle fois très bien réalisée: cette fausse vidéo était siglée «BFMTV » et intégrait tous les codes graphiques de la chaîne d’information.
Depuis le mois de mars, dans l’immeuble de l’Ouest parisien qui abrite les locaux de Viginum, les analystes de ce service chargé de surveiller et de protéger l’État français contre les ingérences numériques étrangères ont dû traiter une invraisemblable série d’attaques et de fake news relayées par Moscou et ses canaux d’influence.
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Changement de braquet français
«Je ne pense pas qu’il y ait de vraie rupture dans la posture russe», nuance le chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) Maxime Audinet. «Il y a effectivement une communication plus agressive, des contenus de désinformation ou malinformation plus hostiles et la “clandestinisation” de certaines pratiques d’influence liée à l’interdiction de RT et Sputnik, développe-t-il. Mais il y a une continuité dans les acteurs à l’œuvre, les récits déployés et le type d’opérations menées.»
À ses yeux, «c’est, en fait, surtout la France qui change de posture». «Elle attribue les attaques informationnelles», autrement dit, elle désigne la Russie comme autrice ou commanditaire de ces campagnes, «et communique beaucoup, en étant à la fois plus défensive et plus offensive».
« Paris se met sur un curseur beaucoup plus vocal et offensif pour dénoncer les campagnes d’influence considérées comme hostiles, la posture française se veut assez décomplexée», confirme un autre spécialiste de la stratégie cyber de la Russie, Julien Nocetti (chercheur associé au centre Russie/Eurasie de l’Institut français des relations internationales – Ifri).
De fait, la présidence et le gouvernement français ne mâchent plus leurs mots. «La Russie continue de tuer et mentir», lançait le porte-parole adjoint du Quai d’Orsay le 15 février dernier, avant de dénoncer la publication d’un faux reportage de France 24. Le deepfake, plutôt élaboré, annonçait que les Ukrainiens auraient cherché à assassiner Emmanuel Macron; il avait été suivi de déclarations de Dmitri Medvedev y faisant référence.
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