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Le scénario d’une invasion russe de l’Ukraine est irréaliste

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interviewée par Yannick Van der Schueren pour la

  Tribune de Genève
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La confrontation militaire entre la Russie et les alliés de Kiev est-elle inéluctable? Vladimir Poutine aurait trop à perdre, selon la spécialiste Tatiana Kastouéva-Jean.

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Vladimir Putin with Sergey Lavrov. 23.03.2016
Vladimir Putin with Sergey Lavrov. 23.03.2016
attribution: www.kremlin.ru
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Branle-bas de combat. Les États-Unis et l’Alliance atlantique, qui ont opposé une fin de non-recevoir à la principale exigence de la Russie en refusant d’exclure une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, s’attendent à ce que Moscou «fasse usage de la force» d’ici à la mi-février. Ils proposent toutefois «une voie diplomatique sérieuse si la Russie le souhaite». Reste à voir si cela suffira à désamorcer les tensions.

 

Dans cette guerre des nerfs, les spéculations vont bon train. Vladimir Poutine s’apprête-t-il vraiment à donner l’assaut? Bien trop risqué, et surtout contre-productif, estime Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie de l’Institut français des relations internationales (IFRI), pour qui «le scénario d’une invasion de l’Ukraine est totalement irréaliste».

La crainte d’une invasion russe est de plus en plus forte. Doit-on redouter une telle offensive?
 
TKJ : Depuis le début de la crise, je suis stupéfaite par l’emploi du terme «invasion», qui implique, sans nuances, une attaque à grande échelle. Ce n’est pas le mode opératoire des Russes, qui n’ont pas pour habitude de fixer une date de façon que l’OTAN ait le temps de s’y préparer. Comme on l’a vu avec l’annexion de la Crimée et les interventions en Syrie, leur stratégie est de procéder par surprise, ce qui est beaucoup plus déstabilisant pour les Occidentaux.
 
La présence de 100’000 soldats russes à la frontière laisse pourtant présager le pire…
 
TKJ : Ce qui est surprenant, c’est l’extraordinaire différence d’analyse militaire évaluant les capacités d’assaut de la Russie. Washington et Londres tiennent des propos très alarmistes, alors que certains pays européens (ndlr: l’Allemagne, la France notamment) considèrent qu’ils en font trop et tentent de dédramatiser la situation. Un tel décalage d’analyse entre les différents services de renseignements des partenaires transatlantiques est plutôt rare.
 

Si ce n’est pas toute l’Ukraine, doit-on craindre une invasion de la partie séparatiste?
 

TKJ : Envahir les zones séparatistes ne servirait pas à grand-chose. Elles sont, de fait, déjà intégrées à leur économie. Près de 700’000 personnes ont reçu des passeports de la Fédération de Russie et Poutine a donné l’accès aux marchés publics russes aux entreprises de la région.
Ces territoires sont plus utiles à Moscou au sein de l’Ukraine, car ils sont tenus par les accords de Minsk, dans lesquels la Russie a le statut de médiatrice. Raison pour laquelle Moscou tient à ce que ce texte soit respecté à la lettre, ce que le président ukrainien n’est pas pressé de faire. Une invasion serait donc totalement contre productive pour Moscou, qui se retrouverait partie prenante du conflit et non plus médiatrice, sans parler du train de sanctions occidentales auquel la Russie devrait faire face.
 
 
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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

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Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri

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Vladimir Putin with Sergey Lavrov. 23.03.2016
attribution: www.kremlin.ru