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« Le parti d'extrême droite AfD est parvenu à orienter le débat politique allemand »

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Propos recueillis par Thibaut Chevillard dans

  20 Minutes
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Les manifestations s'enchaînent mais ne se ressemblent pas dans l’est de l' Allemagne. Lundi soir, à Chemnitz (Saxe), environ 65.000 personnes ont assisté à un concert rock contre le racisme. Deux jours plus tôt, dans cette ville devenue l’épicentre de la contestation contre les migrants et Angela Merkel, des violences avaient fait 18 blessés, en marge d’une manifestation à l’appel de l’extrême droite ayant rassemblé 8.000 personnes et d’un rassemblement de gauche.

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Chemnitz a connu récemment d’autres débordements illustrés notamment par des «chasses» à l'étranger, après le meurtre d’un Allemand à l’arme blanche dont un demandeur d’asile irakien est soupçonné. Un meurtre dont l’extrême droite, portée par le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), première force d’opposition à la chambre des députés à Berlin, s’est saisie. Pour mieux comprendre la situation outre-Rhin, 20 Minutes a interrogé Barbara Kunz, spécialiste de l’Allemagne et chercheuse à l'Ifri.

Qui sont les personnes qui manifestent contre les migrants en Allemagne ? Sont-elles majoritairement d’extrême droite ?

Dans ces manifestations, l'extrême-droite dure est représentée mais il y a aussi des citoyens mécontents et qui ne sont pas forcément d’extrême droite. Ces derniers jugent nécessaire de se joindre à ce genre de manifestations car ils disent être inquiets de l’arrivée de migrants, du rôle que l’islam joue dans la société allemande, ce genre de choses. Mais il est très difficile de dire où se situe la limite entre ces gens-là et l’extrême droite.

Le mécontentement d’une partie de la population opposée à l’arrivée de migrants représente-t-il défi pour Angela Merkel ?

C’est un défi pour tous les partis allemands, pour l’Allemagne, mais particulièrement pour elle. Les discours tenus dans ce contexte pointent le fait que c'est la Chancelière qui a ouvert les frontières et qui cause tous les problèmes de l’Allemagne. C’est sa politique et sa personne qui sont en jeu.

L’AfD a-t-il été galvanisé par la crise migratoire ?

Oui, très clairement. Il y a toujours eu de l’extrême droite en Allemagne, comme dans tous les pays, mais elle n’avait pas d’ampleur. L’AfD a été créé au moment de la crise de l’euro. Mais avec le temps, il avait fini par s’essouffler un peu, d’autant qu’il y avait aussi des querelles au niveau de la direction. Mais en 2015, l’arrivée de réfugiés a représenté pour eux un vrai cadeau. Ils ont tourné tout leur discours autour de la question migratoire et ils n’ont rien d’autre dans leur programme. Ils activent des peurs et des craintes. C’est un fonds de commerce parfait pour eux.

Existe-t-il un risque que l’AfD dépasse un jour le parti libéral-démocrate FDP au niveau national ?

Dans certaines régions de l’Allemagne de l’est c’est déjà le cas. Au niveau national, pour l’instant, je ne pense pas que cela puisse être possible. Aux dernières élections nationales, ils sont parvenus à entrer au Parlement. Pour eux, c’est un grand succès, ils sont le principal parti d’opposition et jouent donc un rôle par définition très important. C’est difficile de prédire ce qu’il se passera aux prochaines élections, il est encore trop tôt. Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont parvenus à orienter le débat politique allemand, un peu comme le Front National en France : même s’ils ne sont pas au pouvoir, ce sont leurs positions qui sont discutées. Ils ont énormément d’influence indirecte et ils ne vont pas disparaître du jour au lendemain.

Un mouvement de gauche à la tonalité anti-migrants est lancé ce mardi en Allemagne. Il est initié par Sahra Wagenknecht, une égérie de la gauche radicale (Die Linke). Comment l’analyser ?

On voit que l’extrême gauche essaie de récupérer des voix de l’extrême droite. C’est une démarche populiste. L’extrême gauche anti-immigration n’existait pas en Allemagne, Die Linke s’inscrit dans une ligne de gauche « classique ». Or, des gens se disent qu’ils sont au chômage et ont l’impression que les étrangers passent devant eux. C’est un discours qui touche à beaucoup de questions sociales, et c’est ça qui rend la question intéressante pour l’extrême gauche.

 

Lire l'article sur le site de 20 Minutes.

 

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Barbara KUNZ

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Ancienne chercheuse au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri