Le Japon révolutionne sa doctrine militaire : aux armes, contribuables japonais!
Le Japon veut fortement augmenter son budget militaire. En a-t-il les moyens ?
“Si tu veux la paix, finance la guerre !” Ce pourrait être la devise du Japon après l’annonce samedi par le Premier ministre japonais d’un effort budgétaire exceptionnel pour financer les dépenses militaires du pays. Invoquant le “défi stratégique inédit et sans précédent” représenté par la Chine, Fumio Kishida a esquissé une nouvelle politique de défense du Japon. Celle-ci se veut plus affirmative et autonome par rapport à son allié américain, et les modalités de ce que les militaires appellent “le nerf de la guerre” : l’argent.
Au cours des cinq prochaines années, le gouvernement consacrera 43.000 milliards de yens (306 milliards d’euros) aux dépenses militaires pour, en 2027, porter le budget annuel de la défense à 8.900 milliards et celui, élargi, de la sécurité à 11.000 milliards de yens.
Selon les commentateurs, cet effort représente un doublement du budget militaire en cinq ans, qui passerait de 1 à 2% du PIB. Un effort colossal… sur le papier. “Du jamais vu, nulle part”, persifle un industriel européen de l’armement.
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2% du PIB en dépense militaire ? Pas si sûr...
Le contexte international est devenu si préoccupant que les Japonais comprennent désormais qu’ils doivent davantage s’intéresser à leur propre sécurité. Fumio Kishida a répondu à cette conversion de son opinion publique au réalisme avec un effort budgétaire qui, au bout de cinq ans, est, donc, censé porter le budget militaire japonais à 2% du PIB, soit le montant demandé par les États-Unis à ses partenaires membres de l’organisation militaire OTAN.
Pour quoi faire ? “Tokyo veut tripler son arsenal d’interception et de frappes, en augmentant la portée de ses missiles sol-mer de type 12 (de 200 kilomètres actuellement à 1 200), en faisant l’acquisition, dans les cinq prochaines années, de près de 500 missiles américains Tomahawk, puis en se dotant de missiles hypersoniques. Ces nouvelles capacités devraient permettre au Japon de "répondre collectivement" avec les États-Unis à une attaque armée”, décrypte Céline Pajon dans une note de l’IFRI.
Mais comme souvent, le diable est dans les détails. Utiliser un chiffre “annuel” a en réalité peu de sens ici, de par la nature des programmes militaires, souvent étalés sur plusieurs années. Les 43.000 milliards de yens de dépenses militaires prévues en 2023-2028, annoncées samedi par Fumio Kishida, représentent en réalité “seulement” une progression de 60% sur les cinq années passées.
Ensuite, si le gouvernement prétend porter les dépenses militaires à 2% du PIB en cinq ans, il admet au détour d’une phrase prendre pour étalon le PIB “actuel”, qui devrait être inférieur à celui de 2027. “Il y aura bien un doublement des dépenses militaires japonaises. Mais en dix ans. De toute façon, les dépenses décidées maintenant prendront des années avant d’être réalisées”, prédit un diplomate chargé des questions militaires.
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