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Le futur chancelier Friedrich Merz relancera-t-il le couple franco-allemand ?

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Alors que son camp est sorti victorieux des élections législatives anticipées en Allemagne, le leader conservateur Friedrich Merz entend insuffler un nouvel élan aux relations bilatérales avec la France. Si les réflexes francophiles sont plus ancrés chez lui que chez son prédécesseur, il faut néanmoins les relativiser.

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Friedrich Merz, conférence de presse - 24 février 2025
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Lors de son discours sur la politique étrangère au siège de la Fondation Körber à Berlin, le 23 janvier 2025, Friedrich Merz, qui était alors candidat de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) à la chancellerie, a appelé de ses vœux « un renouvellement et un approfondissement » des relations de l'Allemagne avec la France, afin que les deux pays portent à nouveau des positions similaires au Conseil européen. Ce discours très «francophile» intervient alors que les relations franco-allemandes ne sont pas au beau fixe.

Avec le défi de la présidence de Donald Trump et les inquiétudes quant à sa politique étrangère (sur la guerre en Ukraine et le Moyen-Orient) ou commerciale (face à l'Europe ou à la Chine), les regards se tournent davantage vers l'est de l'Europe et la présidence polonaise du Conseil de l'Union européenne (UE). Dans ce contexte, après la victoire des conservateurs de l'union CDU/CSU lors des élections législatives anticipées du dimanche 23 février en Allemagne, la très probable arrivée à la chancellerie de Friedrich Merz –réputé davantage francophile que le chancelier sortant Olaf Scholz– pourrait rassurer à Paris.

Un retour aux fondamentaux ?

Comme catholique rhénan, Friedrich Merz est un héritier de la politique franco-allemande de la CDU, incarnée par les anciens chanceliers Konrad Adenauer et Helmut Kohl, en passant par l'ancien ministre et président du Bundestag Wolfgang Schäuble. Le président de l'Union chrétienne-démocrate a d'ailleurs souvent reproché à Olaf Scholz et au gouvernement de la coalition «feu tricolore» (Parti social-démocrate, Parti libéral-démocrate et Les Verts) de ne pas faire grand cas de la relation franco-allemande. Friedrich Merz est très critique à propos des relations du chancelier sortant avec le président Emmanuel Macron, leur reprochant un « manque d'alchimie », tout en promettant de faire mieux, notamment en raison, selon lui, du fort potentiel économique, géopolitique et culturel.

La critique est probablement acerbe, car le président de la République française et le chancelier allemand ont joué le jeu de la relation franco-allemande. Ils se sont consultés très régulièrement avant de prendre des décisions lors des crises majeures (récemment encore sur la Syrie). Mais quelques fausses notes ont alerté le public, comme l'annonce non concertée du projet de bouclier antimissile européen (European Sky Shield Initiative), lancé par l'Allemagne en octobre 2022 et critiqué par Emmanuel Macron, ou l'annonce d'un plan de soutien de 200 milliards d'euros pour protéger l'économie allemande face à la crise énergétique en octobre 2022.

La France et l'Allemagne n'ont par ailleurs pas su anticiper le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et abordent le début de son mandat dans une situation de faiblesse. Si l'arrivée à la chancellerie d'une personnalité plus tournée vers la France comme Friedrich Merz serait un signal favorable pour les relations franco-allemandes, il faudra qu'il fasse ses preuves rapidement. En son temps, le pourtant très francophile Wolfgang Schäuble avait eu des relations tendues avec la France.

Le changement dans la continuité ?

Si le discours et les réflexes franco-allemands sont plus ancrés chez Friedrich Merz que chez Olaf Scholz, il faut néanmoins les relativiser. Tout d'abord car pour le chef de la CDU, la relation avec la France n'est qu'une pièce –certes non négligeable– dans le grand puzzle de la Westbindung de l'Allemagne (ou Westintegration, la politique menée par le chancelier ouest-allemand Konrad Adenauer entre 1949 et 1963). Cet « ancrage à l'Ouest », ADN géopolitique de la CDU depuis la création de la RFA en mai 1949, passe simultanément par le renforcement du lien transatlantique, de l'intégration européenne et de la relation franco-allemande.

Probable chancelier et successeur d'Olaf Scholz, Friedrich Merz ne remettrait pas en cause les fondements de cette relation spéciale de l'Allemagne avec les États-Unis, même dirigés par Donald Trump. Par ailleurs, comme il l'affirmait lui-même à la Fondation Körber, le 23 janvier: « L'Atlantique Sud fait également partie de nos relations transatlantiques. L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur doit vraiment voir le jour ». Sur ce dossier, désaccord structurel de la politique commerciale européenne entre la France et l'Allemagne, Friedrich Merz s'inscrira dans la continuité d'Olaf Scholz, d'autant plus s'il doit gouverner en coalition avec le Parti social-démocrate (SPD).

Friedrich Merz l'Européen ?

S'il est souvent rappelé que Friedrich Merz n'a jamais exercé de fonctions exécutives en Allemagne, on oublie souvent que sa première fonction élective fut celle de député européen (1989-1994). De cette époque, il a gardé un véritable engagement européen. Du point de vue de Matthias Krupa, journaliste correspondant à Paris pour l'hebdomadaire allemand Die Zeit, « rares sont les chanceliers qui ont aussi peu marqué la politique européenne qu'Olaf Scholz. À Paris, on espère un nouveau départ et un successeur plus ambitieux ».

Pour la politique européenne, le contexte est donc plutôt favorable à Friedrich Merz. D'abord, car son arrivée au pouvoir entraînerait un basculement de l'Allemagne dans le camp des dirigeants du Conseil européen affiliés au Parti populaire européen (PPE), de centre droit. L'Allemagne serait ainsi politiquement alignée sur la couleur de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, du groupe majoritaire au Parlement européen, ainsi que sur son voisin, le Premier ministre polonais Donald Tusk, dont le pays préside pour six mois le Conseil de l'UE depuis le début de l'année 2025.

« Ensemble, nos pays peuvent accomplir de grandes choses pour l'Europe ».
Friedrich Merz, après un dîner avec Emmanuel Macron, le 26 février à Paris

Par ailleurs, lors du Conseil des ministres franco-allemand de Meseberg (ouest de l'Allemagne), le 28 mai 2024, la France et l'Allemagne ont produit une initiative commune pour la compétitivité de l'Union européenne et qui a largement été intégrée depuis dans le programme de travail de la nouvelle Commission européenne. Pour garantir la compétitivité, la prospérité et le rôle mondial de l'Europe en tant qu'acteur géopolitique à long terme, des efforts devront être déployés pour combler les écarts de croissance, de productivité, d'investissement et d'innovation entre l'UE, ses partenaires internationaux et ses principaux concurrents.
 

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Paul Maurice est secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri.

>> >> Lire l'article actualisé sur Slate. (Cet article a d'abord été publié par Dokdoc).

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