L’AfD, l’ascension fulgurante d’un parti d’extrême droite, bloqué politiquement par sa radicalité
En deuxième position dans les sondages avant les élections fédérales, le parti n’a pourtant aucune chance d’accéder à une coalition gouvernementale. Sa ligne politique s’est adaptée et durcie au gré des événements qui ont heurté l’Allemagne ces dernières années.

Elon Musk a déclaré en janvier dernier être un « fan de l’AfD ». Le multimilliardaire conseiller de Donald Trump était apparu par surprise sur grand écran lors d’un rassemblement de l’Alternative für Deutschland à Halle, dans l’est de l’Allemagne. « Battez-vous pour un avenir radieux pour l’Allemagne », a-t-il lancé sous les applaudissements nourris des 4500 sympathisants du parti, venus encourager leur candidate Alice Weidel, ravie de s’être offert ce soutien de renom.
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Alice Weidel assume désormais la notion de « remigration », qui avait suscité une controverse en janvier 2024. Plusieurs membres de l’AfD avaient assisté à une réunion à ce sujet dans la ville de Potsdam, en présence de Martin Sellner, le co-fondateur du Mouvement identitaire autrichien, fondé sur le modèle de l’organisation française Génération Identitaire. Le plan présenté évoquait l’expulsion à grande échelle des personnes étrangères ou d’origine étrangère. « Alice Weidel était gênée par ce terme il y a un an, aujourd’hui elle le reprend allègrement à son compte », observe le chercheur spécialiste des relations franco-allemandes à l’Ifri, Hans Stark. « Faites comprendre au monde entier que les frontières allemandes sont fermées », a-t-elle déclaré devant la foule en liesse de ses supporters en janvier dernier.
La politique migratoire offensive s’accompagne d’une critique décomplexée de l’islam présentée comme une religion politique antithétique des principes constitutionnels démocratiques. Selon Paul Maurice, chercheur au comité d’études des relations franco-allemandes de l’Ifri, au sein de l’AfD, l’islam est présenté comme « le principal obstacle au fait de pouvoir exprimer un mode de vie occidental, comme par exemple le fait d’être homosexuel ». En l’occurrence, Alice Weidel revendique le fait de vivre en couple avec une Suissesse d’origine sri-lankaise, avec qui elle élève deux garçons, ce qui ne l’empêche pas d’exalter le modèle familial traditionnel. Et de rejeter vertement le terme « queer ».
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Texte citation
À propos de sa qualification du mémorial de la Shoah de Berlin de «mémorial de la honte», Hans Stark estime qu’il s’agit d’un double langage parfaitement maîtrisé. « En creux, il invite évidemment les Allemands à se défaire de la honte qu’inspire la Seconde guerre mondiale. C’est un ancien professeur d’histoire, il sait exactement ce qu’il dit. » Même chose lorsqu’il souhaite publiquement « la mort de l’Union européenne afin que naisse la vraie Europe ».
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Conseiller pour les relations franco-allemandes à l'Ifri
Une proximité revendiquée avec l’univers russo-chinois
Aujourd’hui, le parti appelle à un renforcement des relations de l’Allemagne avec l’Union économique eurasienne. « Le parti délaisse l’Europe de l’Ouest pour se rapprocher de l’univers russo-chinois », analyse Hans Stark, rappelant les nombreuses visites effectuées par Alice Weidel à l’ambassadeur de Chine ces derniers mois. Une normalisation de ces rapports est évidemment liée aux intérêts économiques de l’Allemagne qui exporte massivement ses voitures vers la Chine et profite du gaz russe à bas coût. La demande insistante par l’AfD d’une levée des sanctions économiques à l’encontre de la Russie et d’une remise en état des conduites du gazoduc Nord Stream va dans ce sens. Depuis l’élection de Donald Trump - et cela fut déjà le cas lors de son premier mandat en 2016 - l’AfD tempère largement son discours anti-atlantiste et se gargarise de l’estime que lui porte l’administration américaine. Concernant la guerre en Ukraine, la formation appelle à la cessation complète des livraisons d’armes et d’aide financière à l’Ukraine et loue les efforts américains en faveur de négociations de paix.
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Média
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