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La Russie est un nain dans l’exploration et le développement des hydrocarbures en Afrique

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Première société gazière du monde en termes de volume produit, la firme publique Gazprom reste quasiment absente du continent.

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Le sommet Russie-Afrique organisé cette semaine par Vladimir Poutine à Sotchi ne changera pas la relative absence de Moscou au sein du secteur pétrolier africain. Troisième plus grand producteur de brut du monde – derrière les Etats-Unis et l’Arabie saoudite – et deuxième plus important producteur de gaz – derrière les Etats-Unis –, le Kremlin demeure un nain dans l’exploration et le développement des hydrocarbures en Afrique.
 
Malgré les promesses d’investissements colossales de la part des sociétés russes que cette semaine à Sotchi ne manquera pas de susciter, il y a fort à parier qu’une grande partie d’entre elles ne se matérialiseront pas. En particulier celles venant du secteur public.
 
On ne compte plus les projets dans lesquels les sociétés pétrolières russes ont tenté de s’implanter en Afrique, mais où les annonces d’investissements se sont révélées sans lendemain – cas de Kudu en Namibie avec Gazprom ou encore du Trans Saharan Gas Pipeline entre le Nigeria et l’Algérie avec la même société.
 
La Russie n’apporte pas de technologie de pointe comparée aux majors occidentales sur les explorations en offshore profond comme en Angola ou au Nigeria, ni dans l’exploration du gaz et pétrole de schiste comme cela pourrait intéresser le Maghreb et l’Afrique du Sud. Elle s’est aussi avérée incapable de proposer des projets financés clé en main comme les Chinois en ont le secret, comme au Niger ou au Soudan (développement des réserves puis construction des oléoducs d’exportation et des raffineries).

Un risque

Hors de Russie, Gazprom et Rosneft travaillent de plus en plus sur des projets géants, de plus en plus rares en Afrique. Le choix pour Rosneft de rentrer au Mozambique est, par exemple, davantage lié au partenariat stratégique qu’elle a noué avec ExxonMobil en 2011 qu’à un souhait de travailler à tout prix dans l’offshore de ce pays, où les plus grosses découvertes de gaz du continent ont pourtant été mises à jour depuis 2010.
 
Enfin, l’Afrique peut représenter un risque et les sociétés d’Etat russes, comme Gazprom, préfèrent investir sur des projets en Europe (Allemagne) ou dans les pays d’ex-URSS (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan) jugés plus sûrs selon leurs standards. Idem pour Rosneft qui privilégie aussi les anciens pays soviétiques, mais également l’Asie, l’Amérique du Sud et du Nord. L’Afrique reste le parent pauvre de leur investissement.
 
Première société gazière du monde en termes de volume produit (correspondant à cinq fois la production algérienne) et véritable poumon de l’économie russe, la firme publique Gazprom reste quasiment absente du continent africain. La société d’Etat n’a actuellement que des actifs en production en Libye, ainsi que deux autres en développement en Algérie. Elle a aussi une présence mineure en Angola via sa filiale pétrolière Gazprom Neft.

De rares implantations

L’autre major détenue en majorité par l’Etat russe, Rosneft (5,9 millions de barils par jour, soit la société produisant le plus de pétrole après la Saudi Aramco saoudienne ; par comparaison ExxonMobil atteint à peine 4 millions) n’est pas davantage à l’offensive. Sa présence se limite à son investissement dans le gisement géant de Zohr en Egypte (30 %), en production depuis cette année, à des participations dont elle souhaite se départir en Algérie, ainsi qu’à trois blocs d’exploration mozambicains acquis en 2018 au côté d’ExxonMobil.
 
Hormis ces rares implantations, plusieurs accords de principe ont été signés récemment avec des sociétés locales comme Oranto Petroleum du milliardaire nigérian Arthur Eze, sans néanmoins aboutir à la moindre décision concrète. Le président de Rosneft, l’ancien vice-premier ministre russe Igor Setchine et intime de Poutine, a également tenté – sans succès – de prendre des participations dans d’autres pays comme l’Angola ou le Gabon.
 
L’effort privé russe dans le pétrole africain est principalement porté par Lukoil, présent en exploration au Ghana et au Cameroun, en production en Egypte et au Nigeria et depuis quelques mois en République du Congo. Fondée au lendemain de la dislocation de l’URSS, Lukoil est dirigé par un proche du président russe, Vagit Alekperov. Le pétrolier cherche à acquérir davantage de blocs d’exploration et utilise à plein le sommet de Sotchi comme plate-forme pour convaincre les ministres africains du pétrole présents d’ouvrir leur domaine pétrolier.
 
 
Benjamin Augé est chercheur associé aux programmes Afrique et Energie de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
 
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