La France doit renforcer la coopération maritime avec le Pacifique latin
Les pays de la côte occidentale de l’Amérique du Sud, ou « Pacifique latin » (Colombie, Équateur, Pérou, Chili) restent absents de la réflexion stratégique française sur la zone Indo-Pacifique.
Pourtant, confrontés à d’importants défis en termes de surveillance de leur domaine maritime, de lutte contre la pêche illégale et les trafics, ces pays sud-américains cherchent à diversifier leurs partenaires de coopération. Dans un contexte de rivalité sino-américaine, la France, nation maritime résidente du Pacifique, a une carte à jouer.
Les pays du Pacifique latin dépendent de l’océan tant pour les flux de marchandises que pour les ressources halieutiques, ce qui les rend vulnérables aux activités illégales en mer. Plus de 90 % des échanges commerciaux du Chili – qui compte 4 300 kilomètres de littoral – transite ainsi par les routes maritimes. Par ailleurs, Pérou et Chili figurent parmi les dix plus grands producteurs de pêche de capture au monde.
Or, on estime que la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INN) prive les pays d’Amérique du Sud de 15 % de leur capture annuelle. Les navires chinois représentent les trois quarts des bateaux étrangers présents dans les zones économiques exclusives (ZEE) de ces pays et de leurs territoires insulaires (notamment îles Galápagos pour l’Équateur et Île de Pâques pour le Chili). En 2021, ce sont plus de 500 bateaux battant pavillon chinois qui sillonnent la région. Ils représentent la quasi-totalité des navires de pêche au calamar opérant dans le Pacifique Sud.
Dans le même temps, Pékin est devenu le premier partenaire économique des pays du Pacifique latin et a pris pied dans des secteurs stratégiques comme les chaines de production des minerais critiques (lithium, cuivre), mais aussi les infrastructures maritimes – dont le méga-port de Chancay au Pérou, financé à 60% par la Chine. Ces dépendances mettent en lumière la vulnérabilité de ces Etats face à Pékin et pourraient avoir des répercussions négatives pour les intérêts français dans la région.
Si la relation de défense entre les pays du Pacifique latin et les forces françaises du Pacifique est limitée en raison des élongations très importantes, un volet opérationnel s’est néanmoins développé à la faveur d’escales et de la participation conjointe à certains exercices (RIMPAC, GALAPEX) ou réunions multinationales (SPDMM) dans le Pacifique Sud.
Cette coopération de sécurité pourrait s’étendre utilement considérant les besoins des pays du Pacifique latin de renforcer leurs capacités de surveillance maritime. Le Pérou et le Chili, en particulier, cherchent à mettre en place un système de collection, fusion et analyse de l’information maritime (Maritime Domain Awareness – MDA).
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