« Géopolitique de la puissance américaine » : les États-Unis, redoutables et fragiles à la fois
Si l’Amérique apparaît toujours comme une puissance dominante sur le plan mondial, le pays souffre d’inégalités croissantes, d’un affaiblissement de sa classe moyenne et du bilan désastreux de ses dernières guerres, explique la politiste Laurence Nardon dans un ouvrage.
Livre. Que reste-t-il de la puissance américaine ? Plus grand-chose, si l’on en croit Donald Trump, qui juge son pays en ruine. « Fake news », serait-on tenté de répondre, en soulignant cependant les difficultés bien réelles auxquelles les Etats-Unis sont confrontés, d’autant qu’elles ne sont pas sans incidence sur l’Europe. La politiste Laurence Nardon ne l’oublie pas et dresse, dans Géopolitique de la puissance américaine (PUF, 176 pages, 15 euros), un bilan de santé de l’Oncle Sam, qui, sans être alarmiste, invite à la vigilance.
Un premier constat, plutôt rassurant, s’impose néanmoins d’emblée. Dans un monde désormais multipolaire, où l’Occident doit composer avec une Chine ascendante, une Russie revancharde, et un Sud global en embuscade, aucun pays ne parvient encore à faire de l’ombre aux Etats-Unis. « Quel que soit le domaine étudié (économie, militaire, financier, etc.), la puissance américaine apparaît toujours comme dominante. »
Le budget de l’armée américaine est toujours de loin le plus élevé : 842 milliards de dollars en 2024, loin devant les 292 milliards que la Chine allouait à sa défense en 2022. Sur le plan économique, près d’un quart du PIB mondial provient des Etats-Unis, un succès qui doit beaucoup au rang de leader que le pays occupe dans des secteurs-clés comme ceux de la finance et de l’innovation technologique. Le soft power, l’attractivité de l’Amérique, se maintient, en dépit du risque que constitue un éventuel retour au pouvoir de Donald Trump et du « sharp power », l’influence malveillante qu’exerce la Russie à l’encontre des Etats-Unis, notamment par le biais de la désinformation.
Malaise et toussotements
Ce tableau serait cependant incomplet si le malaise dont souffre le plus proche allié de l’Europe n’était pas pris en compte. Le prestige de son armée pâtit toujours du terrible bilan laissé par les guerres en Irak et en Afghanistan – une impression renforcée par la débâcle que fut le retrait de ce second pays en 2021. En outre, l’isolationnisme s’est répandu au sein d’une grande partie de l’opinion américaine, particulièrement à droite.
La victoire de Trump se traduirait par un abandon de l’Ukraine face à la Russie. Et la Chine apparaît désormais comme un peer competitor, selon le jargon des spécialistes des relations internationales, soit un pays concurrent de force comparable. Sa montée en puissance, qui se fait particulièrement sentir en mer de Chine, menace Taïwan.
L’économie américaine toussote également. Les emplois industriels disparaissent, affaiblissant la classe moyenne, tandis que la jeunesse souffre des inégalités croissantes qui affligent le pays. Enfin, le réchauffement climatique est synonyme d’un accroissement des cyclones tropicaux qui s’abattent sur la côte et le golfe du Mexique.
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« Géopolitique de la puissance américaine », de Laurence Nardon, PUF, 176 p., 15 €.
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