Énergie, défense… Pourquoi la relation franco-allemande s’est dégradée
Le chancelier allemand Olaf Scholz se rend mercredi à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron. Une entrevue dans un contexte de tensions entre les deux partenaires européens.
Entre l’Allemagne et la France, les tensions sont à l’ordre du jour, avant la rencontre entre Emmanuel Macron et le chancelier Olaf Scholz, mercredi soir à Paris. L’entrevue entre les deux leaders vient remplacer un conseil des ministres franco-allemand, reporté sine die officiellement pour des « difficultés logistiques ». Officieusement, plusieurs observateurs évoquent plutôt une multiplication des désaccords. Deux dossiers minent particulièrement les relations : la question énergétique et la question de la défense européenne. « C’est l’impression que l’Allemagne veut faire cavalier seul dans ces deux domaines qui pose question, voire irrite Paris », décrypte Éric-André Martin, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa).
Une politique énergétique divergente
Face à la flambée des prix et aux difficultés d’approvisionnement, les deux pays sont en désaccord sur l’attitude à adopter. La France, ainsi qu’une dizaine d’autres États, plaide pour un plafonnement du prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité. De son côté, l’Allemagne s’y oppose, poussant plutôt au développement de nouveaux gisements.
« Ce plan équivaut à une forme de subvention massive à son industrie, donc il y a un risque de distorsion de la compétitivité dans la mesure où les autres États ne peuvent soutenir leur économie à cette hauteur », explique Éric-André Martin.
Des projets militaires abandonnés
À ces sujets d’actualité brûlants se superposent les décisions récentes prises outre-Rhin en termes de défense. Mi-octobre, le chancelier Olaf Scholz annonçait le développement d’un bouclier antimissile avec 14 pays de l’Otan, sans la France. Berlin a également opté pour l’achat d’avions militaires américains, les F-35, pour remplacer sa flotte.
« Alors même que l’Allemagne décide d’acheter rapidement des équipements chez des fournisseurs américains, elle n’a pas décidé de s’engager avec la France sur des projets structurants, notamment l’avion de combat du futur, et abandonne un certain nombre de projets », précise Éric-André Martin, citant l’exemple des hélicoptères Tigre dont sont équipés la France, l’Allemagne et l’Espagne. Berlin ne s’est pas engagé dans le programme de modernisation de l’appareil et semble plutôt se laisser tenter par le modèle américain, Apache. « Cela suscitent les interrogations des Européens sur les intentions de l’Allemagne », ajoute le secrétaire général du Cerfa.
L’Allemagne en position délicate
Ces mésententes dans la relation entre les deux pays s’expliquent plus généralement par la situation délicate dans laquelle se trouve l’Allemagne, dont le modèle économique est chamboulé par les conséquences de la guerre en Ukraine. [...]
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« Olaf Scholz doit naviguer entre les forces politiques avec lesquelles il doit composer », analyse Éric-André Martin.
Un dialogue nécessaire
Jeudi dernier, en marge du Conseil européen, le président français et le chancelier allemand ont « réaffirmé leur ambition commune sur plusieurs volets stratégiques de la relation bilatérale, et ont dit leur confiance dans ce que les discussions en cours permettront d’aboutir à un renforcement profond du partenariat », a indiqué l’Élysée. Un premier signe d’apaisement après une période difficile ?
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La rencontre de mercredi, en format restreint, pourrait déjà permettre de « vider son sac », espère Éric-André Martin, avant de décider d’un agenda diplomatique futur. « Il y a un besoin de clarification à la fois sur les intentions de l’Allemagne dans sa politique européenne, mais aussi sur son positionnement dans sa relation avec la France, qui a le sentiment d’être un partenaire délaissé », ajoute-t-il.
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