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En Centrafrique, des victimes des exactions russes brisent la loi du silence

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cité par Florence Morice et Charlotte Cosset sur

  RFI
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En Centrafrique, les méthodes brutales des « instructeurs » russes qui combattent aux côtés de l’armée centrafricaine suscitent de plus en plus de peur et d’inquiétude. Le 31 mars dernier, le Groupe de travail des Nations unies sur les mercenaires alertait sur une longue série de violations graves des droits de l’homme qui leur sont attribuées.

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Russian and Central African flags
Russian and Central African flags
(c) Leo Altman/Shutterstock.com
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À Bangui, la présence des mercenaires russes et les exactions dont ils sont accusés sont des sujets dont on parle à voix basse, en privé, et dans l’anonymat. « C’est l’éléphant au milieu de la pièce », estime une source diplomatique. « On ne voit que lui, mais on fait comme s’il n’était pas là ». Officiellement d’ailleurs, ils ne sont pas là. Le narratif russe sur le sujet est extrêmement rodé. L’ambassadeur de Russie à Bangui reconnaît l’envoi de 535 hommes qu’il présente comme des « instructeurs » qui « ne prennent pas part aux combats », sauf « s'ils sont pris pour cible ».

De nombreuses sources sécuritaires nationales et internationales contredisent pourtant cette version. Elles évoquent 800 à 2 000 mercenaires déployés dans le pays, aux côtés des forces armées centrafricaines, souvent « en première ligne » lors des affrontements et également présents aux postes de contrôles et lieux stratégiques.

Pour une partie de l’opinion, lassée de subir l’occupation et les violences des groupes armés, les Russes sont des sauveurs. Ils ont joué un rôle déterminant dans la contre-offensive qui a permis de reprendre la majorité des grandes villes du pays. Leur action est également soutenue par une campagne de communication active des autorités. Rares sont les voix discordantes qui osent publiquement questionner leurs méthodes, dans le climat de peur qui s’est installé dans certaines régions du pays.

Le « silence » de la Minusca

[…]

« Anticipant des révélations gênantes (…), depuis quelques semaines, la Minusca semble prendre ses distances vis-à-vis de ce "partenaire privé du gouvernement centrafricain" dont on ne parle jamais mais qui est partout », analysait récemment le chercheur Thierry Vircoulon dans un billet publié sur le blog de l’Institut français des relations internationales (Ifri). « Après trois ans de cécité et de silence, la Minusca va-t-elle retrouver la vue et la parole ? », s’interrogeait le chercheur.

Pour une source sécuritaire, la question doit être posée différemment. « L’arrivée des Russes, c’est avant tout l’échec de la Minusca et de toute la communauté internationale. Le vrai scandale, c’est d’être obligé de faire venir un millier de mercenaires, alors qu’il y a déjà plus de 10 000 casques bleus dans le pays », se désole-t-elle.

Pour un haut fonctionnaire de la Minusca, si les critiques sont légitimes, beaucoup à Bangui s’accommodent en silence de la situation, pas mécontents qu’un acteur s’attèle enfin concrètement sur le terrain à la lutte contre les groupes armés. Et de conclure : « Les Russes ne participent pas à une opération de maintien de la paix. Ils font la guerre. Et la guerre, c’est sale. »

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Thierry VIRCOULON

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Chercheur associé, Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri

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