Élection de Trump: "Pour les COP climat, il faut envisager un retrait américain"
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche apparaît comme la pire des nouvelles pour la lutte contre le dérèglement climatique. Connu pour sa défense des énergies fossiles, ou son retrait de l’accord de Paris, jusqu’où le futur président américain peut-il remettre en cause des efforts… déjà insuffisants ?
Le Centre énergie et climat de l’Ifri (Institut français des relations internationales) mène des recherches sur l’enjeu géopolitique des transitions énergétiques. Marc-Antoine Eyl-Mazzega en est le directeur. Docteur de l'institut d'études politiques de Paris, il a travaillé six ans à l'Agence Internationale de l'énergie (AIE)
Le retour de Donald Trump au pouvoir, est-ce le scénario du pire?
Oui, c'est un choc et cela devrait renforcer les incertitudes Dans les pays riches de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) la bataille pour l'accélération de la transition énergétique était déjà très ralentie, affaiblie. Au fond, l'élection de Donald Trump vient encore confirmer un point : la priorité des Etats-Unis sera encore moins de décarboner. Or il s'agit de la première économie mondiale, et de l'un des plus gros émetteurs à effet de serre (le 2ème après la Chine Ndlr).
Quel sera l'impacte sur les négociations internationales liées au climat?
Ce qui a le plus à perdre est la capacité du monde à éviter les dérèglements climatiques terribles avec une trajectoire de réchauffement moyen de +3°C - celle sur laquelle on est alignés. Il est clair qu'il ne reste plus que les européens dans le camp des ambitieux. Il faudra voir comment l'Europe va faire, seule, face à la Chine et au groupe des 77 (coalition de pays en développement Ndlr). Et face aux Etats-Unis "disrupteurs". Le risque est d'être marginalisé.
Le futur Président a promis qu'il referait sortir son pays de l'accord de Paris.
C'est tout à fait possible. Trump de toute façon a décidé de ne plus envoyer de délégués aux conférences sur le climat, ou bien, il tente de les saborder.
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Un retrait total?
Probablement. C'est encore trop tôt pour le dire, mais les Etats-Unis seront certainement plus enclins à s'aligner avec des pays "disrupteurs" comme l'Arabie Saoudite, qu'avec les européens qui sont quand même plus ambitieux. Il est tout à fait envisageable que les tensions grandissent entre les Etats-Unis et l'Europe, sur des sujets comme l'équité, la concurrence, les trajectoires économiques et environnementales.
> Lire l'interview sur le site de Nice-Matin
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