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COP 27 : écoutera-t-on le GIEC à Sharm El Sheikh ?

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cité par Etienne de Metz dans

  Usbek & Rica
Accroche

Chaque année, les États courent au chevet de la planète pour régler le climat lors des COP. La 27ème édition, qui aura lieu du 6 au 18 novembre à Sharm El Sheikh, signe le retour du Sommet en Afrique. Le défi des pays-membres sera de renouveler leurs ambitions globales en termes de politiques climatiques, alors que les experts non gouvernementaux déplorent une énième parade en forme de greenwashing.

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Marche pour le climat avant la COP27, Bruxelles, 23 octobre 2022
Marche pour le climat avant la COP27, Bruxelles, 23 octobre 2022
Alexandros Michailidis/Shutterstock.com
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En novembre, les parasoles sont habituellement en berne à Sharm El Sheikh. Voici venu le moment de replier les transats, de ranger les tubas et les masques de plongée. La haute-saison s’achève dans cette station balnéaire du Sud-Sinaï : les touristes ont quitté la plage et seuls les poissons multicolores peuplent les eaux turquoises de la Mer Rouge. Mais cette année, les volets des hôtels ne se fermeront pas de sitôt. Vous souhaitez réserver une nuit à Sharm El Sheikh ? C’est encore possible… mais comptez 500 dollars par nuit et soyez prévenus : les lieux seront bondés ces jours-ci. Car c’est cette ville que l’Egypte a choisie pour accueillir les participants de la 27ème édition de la COP sur le climat.

 

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Des acteurs en désaccord

 

Il faut dire que les participants ne partent pas sur un pied d’égalité dans cette géante course contre la montre. Certains archipels comme les îles de Tuvalu, de Marshall ou les Maldives, sont directement menacés par la montée des eaux. 

« Il s’agit pour eux d’en obtenir le plus possible en matière d’atténuation lors des négociations », avance Thibaud Voïta, chercheur au centre Energie et Climat de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales, NDLR). « Le sujet des énergies fossiles est une ligne rouge à ne pas franchir pour ces pays qui cherchent à être influents lors des Sommets », ajoute le docteur en sciences politiques.

 Leur nouvel atout ? La nomination de Simon Stiell à la tête de la Convention onusienne. Ancien ministre de l’Environnement de la Grenade, c’est un fervent défenseur de la lutte contre le réchauffement climatique. Les pays dits développés, eux, appréhendent des négociations difficiles à Sharm El Sheikh.

 « Ils espèrent ne pas avoir à financer de trop gros montants », précise Thibaud Voïta.

Tandis qu’un autre groupe de pays navigue entre les deux premiers : les like-minded developing countries - expression qu’on traduirait par pays en développement à l’état d’esprit similaire - sont une force à part. Leur objectif est double :

« demander aux États riches plus de contribution et mettre en valeur le rôle des énergies fossiles dans le développement global », explique Thibaud Voïta. Parmi eux : la Chine, l’Iran, l’Inde… Face à ces équipes, la plupart des pays africains constituent un quatrième bloc, le plus vulnérable face aux aléas climatiques.

De l’oxygène et du pain

2030, c’est demain. D’ici là, plus de 100 millions d'Africains seront directement menacés si des mesures adéquates ne sont pas prises, annonçait l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un rapport publié en octobre 2021. Le continent émet pourtant à peine 4% du CO2 à l'échelle mondiale. En Egypte, par exemple, un quart des ressources agricoles du pays viendrait à disparaître si le niveau de la mer grimpait d’un mètre.

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Un discours qui permet de mettre sur la table une question centrale pour la conférence de Sharm El Sheikh : celle de la compensation des pertes et préjudices.  « Il s’agit de l’indemnisation des dégâts réversibles ou non, causés par le changement climatique », explique Elodie Vercken, directrice de recherche à l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, NDLR). Le montant de l’enveloppe ? « 100 millions de dollars, que les pays riches devraient distribuer chaque année aux pays vulnérables », détaille la scientifique. Mais l’objectif n’a pas encore été atteint pour le moment. 

« Plusieurs Etats en voie de développement se demandent donc pourquoi freiner leur utilisation des énergies fossiles quand c’est ce qui leur permet de financer leurs politiques d’adaptation climatique », analyse Thibaud Voïta.

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« Tant que nous, pays du Nord, n’accepterons pas notre responsabilité dans le réchauffement global, je ne vois pas comment nous pourrions entraîner les autres dans un cercle vertueux », déplore Jean Jouzel, qui craint que ce Sommet ne se solde « par un aveu d’échec ».

Des riens pour une urgence absolue

Devant le manque d’ambition actuelle, les observateurs externes s’accrochent à des petits riens. Le tandem Chine-USA avait été crucial aux Accords de Paris mais « Pékin a suspendu le dialogue inicié avec Washington », explique Thibaud Voïta. Tous les regards sont désormais tournés vers les deux Etats, qui pourraient peut-être reprendre leurs négociations en Egypte. « On parle de cette hypothèse comme d’un succès. Alors qu’au vu des urgences actuelles, c’est anecdotique », soupire le chercheur. Autre démonstration de la frilosité des uns et des autres : seule une quarantaine de pays-membres ont rendu à l’ONU leur feuille de route en vue du rendez-vous du 6 novembre. Et la France n’en fait pas partie.

« Tant que nous, pays du Nord, n’accepterons pas notre responsabilité dans le réchauffement global, je ne vois pas comment nous pourrions entraîner les autres dans un cercle vertueux », déplore Jean Jouzel, qui craint que ce Sommet ne se solde « par un aveu d’échec ».

 La COP 27 réservera de toute façon des « surprises dans un sens ou dans l’autre », résume Thibaud Voïta, « même si les dernières éditions ont montré que le modèle a déjà donné son maximum". 

Au large de Sharm El Sheikh, la Mer Rouge se réchauffe et s’acidifie. Les poissons perdent un peu plus de leur royaume chaque jour : les coraux qui leur servent de cachettes ternissent, puis meurent. Peut-être faudra-t-il un peu plus qu’une énième Conférence avant leur asphyxie.

 

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