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Certains candidats veulent se rapprocher de Vladimir Poutine et de Bachar Al-Assad

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Avec la perspective du retour de la droite au pouvoir en 2017, on peut s’interroger sur la possibilité, certains pensent la probabilité, d’une inflexion de notre politique étrangère, en particulier vis-à-vis de la Syrie et de la Russie. En effet, la plupart des candidats à la primaire de la droite, comme François Fillon et Nicolas Sarkozy, semblent être sur cette ligne.
 
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On se rappellera que les relations du président Sarkozy avec la Russie, et plus personnellement avec Vladimir Poutine, étaient plutôt bonnes. Une politique active avait été menée, notamment dans le domaine économique et même dans celui, plus sensible, de la coopération militaire avec la conclusion du contrat [des deux navires de guerre] Mistral. Depuis lors, malgré l’annexion de la Crimée et la politique d’ingérence menée à l’égard de l’Ukraine, la plupart des candidats de droite ont évité de prendre, à l’égard de la Russie, des positons franchement hostiles, bien au contraire.

Il n’en est pas de même pour la Syrie : le président Sarkozy comme le ministre des affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé, ont soutenu d’emblée les rebelles : la France a été la première à reconnaître le Conseil national syrien puis la Coalition comme « seul représentant légitime du peuple syrien ».  Dans le même temps, les autorités françaises ont été les premières à accuser Bachar Al-Assad de crimes contre l'humanité et ont été à l'origine des sanctions européennes contre la Syrie baasiste. Certains signes ou déclarations de candidats de la droite peuvent laisser penser qu'il y aura une inflexion, voire une remise en cause de la politique suivie par François Hollande, tant vis-à-vis de la Syrie que de la Russie, pour plusieurs raisons. La première est que le contexte a fondamentalement changé. La Syrie est un désastre humanitaire et politique. L'intervention américaine en Irak en 2003 et la déstructuration du pays qui en est résultée ont contribué à l'essor d'Al-Qaida puis de l'organisation Etat islamique (El) qui, née en Irak, a pris le contrôle d'une partie du territoire syrien. L'échec des « printemps arabes », en particulier en Syrie, a débouché sur un vide politique dans lequel se sont engouffrés des mouvements djihadistes, avec la complaisance de Bachar Al-Assad. Le Moyen-Orient est ainsi devenu un vivier de djihadistes, dont beaucoup venus d'ailleurs, notamment d'Europe.

RÉTABLIR UN MINIMUM D'ORDRE

Ainsi l'objectif prioritaire n'est plus d'encourager la démocratie, mais d'essayer de rétablir un minimum d'ordre et de stabilité dans cette zone. La lutte contre le terrorisme djihadiste, notamment l'EI, devient prioritaire. Il en est de même de l'arrêt du flux des migrants, lié à un retour à la stabilité de leur pays d'origine, en particulier la Syrie et l'Irak. Cette politique a été largement amorcée par le président Hollande : l'appui donné au [président égyptien], le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, et la qualité des relations avec l'Arabie saoudite répondent notamment à cette préoccupation de retour à l'ordre. En Syrie, le problème est plus complexe, compte tenu de la multiplicité des acteurs, qui sont largement hors de contrôle et de la violence de la répression. Le départ de Bachar Al-Assad n'est plus posé comme un préalable à une solution politique aussi bien par les pays occidentaux que par la Turquie ou les pays arabes comme l'Egypte. Faute d'une alternative crédible, la position de Bachar Al-Assad se trouve renforcée, même si son armée est en lambeau et le contrôle du territoire syrien partiel.

Le contexte a également changé en Europe. Les sanctions décidées par l'Union européenne contre la Russie n'ont pas eu les effets escomptés. La seule « sanction » qui a véritablement affecté la Russie est la forte baisse du prix du pétrole. Mais Vladimir Poutine a renforcé son pouvoir: sa politique étrangère, aussi bien en Ukraine qu'au Moyen-Orient, bénéficie d'une réelle popularité dans une population traumatisée par les « humiliations » de la décennie noire.

Ainsi, après une politique au Moyen-Orient fondée en grande partie sur l'émotion et la promotion de la démocratie, une politique plus pragmatique et réaliste est amorcée, compte tenu de l'évolution de la situation. Elle sera sans doute confirmée, voire accentuée, par le futur président, qu'il soit de droite ou de gauche. Le réalisme plaide en faveur d'une reprise, en concertation avec l'Allemagne, du dialogue sur de nouvelles bases avec la Russie, acteur à l'évidence incontournable tant au Moyen-Orient qu'en Europe et du soutien aux gouvernements en place contre les risques de déstabilisation. Cependant, cette inflexion ne pourra être que progressive, compte tenu des affrontements du passé, des positions de nos partenaires, de la violence des combats sur place et du jeu déterminé de la Russie qui a contribué à recréer un climat de guerre froide.

Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen-Orient à l'Ifri

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Denis BAUCHARD

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Conseiller, Programme Turquie/Moyen-Orient de l'Ifri