Allemagne : Alice Weidel, l'inquiétant visage d'une extrême droite décomplexée
À trois semaines des élections fédérales anticipées du 23 février en Allemagne, le parti chrétien-démocrate (CDU) est donné vainqueur dans les sondages, devant le parti d'extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) dirigé par Alice Weidel.
Économiste de formation et présidente du parti d'extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) depuis plus de deux ans, Alice Weidel a su propulser son groupe politique sur le devant de la scène. Une première en Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale pour un parti d'extrême droite. Surnommée « la Dame de fer » ou encore « la princesse de glace », Alice Weidel incarne cette extrême droite allemande qui attire de plus en plus d’électeurs. Une extrême droite qui semble renier ses relents nazis tout en souhaitant mettre un terme à l’immigration en Allemagne. Allant même jusqu'à vouloir renvoyer les « immigrés » dans leur pays.
À 45 ans, Alice Weidel, petite-fille de juge nazi, homosexuelle assumée, qui vit en couple avec une Suissesse d’origine sri-lankaise avec qui elle élève deux enfants, est en passe de provoquer un séisme sur la scène politique allemande. « Il n'y a pas une Madame Weidel, il y a plusieurs Madames Weidel, souligne Patrick Moreau, docteur en histoire, docteur d’État en sciences politiques et chercheur au CNRS. Elle évolue beaucoup à travers le temps. À l'origine, c'est une conservatrice tout à fait classique. Elle est sur une ligne traditionaliste, à part sa sexualité. Elle va commencer à se radicaliser en observant ce que faisait le FPÖ en Autriche, qui est en fait le modèle de l’AfD. C'est-à-dire une politique dans lequel le fait de monter au créneau et de sans arrêt s'attaquer au système permettrait de mobiliser de plus en plus de gens qui sont mal dans leur peau ».
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« Elle considère que l'islam, l'immigration, les immigrés venus d'Afrique notamment, mais aussi du Moyen-Orient, vont l'empêcher d'assumer son mode de vie occidental, son homosexualité, son "féminisme" d'une certaine manière, puisqu’il s'agirait de population qui voudraient abaisser les femmes, les enfermées et qui seraient très rétrogrades sur les questions sociétales », détaille Paul Maurice, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
Savoir incarner les revendications de ses militants
Créé en 2013, l’AfD évolue donc, à partir de 2015, avec l’arrivée d’électeurs d’extrême droite. Une frange que certains appellent aujourd’hui les « racialistes », très présente dans l’ex-Allemagne de l’Est. Une évolution dont va s’accommoder Alice Weidel, qui assume son racisme, même si selon elle, il ne s’agit pas d’un racisme que l’on pourrait qualifier de primaire.
Si tous les partisans de l’AfD ne partagent pas cette rhétorique, Alice Weidel colle parfaitement au sentiment collectif de cette formation.
- « Elle n'incarne pas la majeure partie des électeurs qui votent pour l’AfD, qui se trouvent majoritairement à l'est, qui sont des gens issus des catégories populaires, ou des classes moyennes, qui vont voir leur niveau de vie baisser avec l'augmentation des coûts de l'énergie. Elle est libérale, elle a travaillé pour des grandes entreprises multinationales, elle vit en Suisse pour ne pas payer d'impôts… Mais elle arrive malgré tout à incarner. Je pense qu'il y a aussi la capacité pour le parti lui-même d’incarner la seule alternative face aux politiques menées par les partis traditionnels et notamment par la coalition "feu tricolore" ces trois dernières années », poursuit Paul Maurice.
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