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Alexeï Navalny, «un casse-tête pour Vladimir Poutine»

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interviewée par Anastasia Becchi pour

  RFI
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Alors que l’opposant Alexeï Navalny entend rentrer dimanche soir en Russie, les services pénitentiaires russes ont annoncé ce jeudi leur intention de l’arrêter. Entretien avec Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre Russie à l'Institut français des relations internationales (IFRI).

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Après plus de quatre mois de convalescence à Berlin, Alexeï Navalny s’apprête à rentrer à Moscou dimanche 17 janvier. L’opposant russe, victime d’un empoisonnement au Novitchok en août dernier, selon trois laboratoires européens, estime qu’il est désormais prêt à reprendre le chemin du retour. 

Mais ses partisans ne seront sans doute pas les seuls à l'attendre à l'aéroport : les services pénitentiaires russes ont indiqué ce jeudi qu'il sera arrêté s'il rentre en Russie. Ils lui reprochent d'avoir violé les conditions d'une peine de prison avec sursis.

RFI : S’il parvient à gagner Moscou dimanche, à quel accueil Alexeï Navalny peut-il s’attendre de la part des autorités ? 

Tatiana Kastouéva-Jean : La première question est effectivement de savoir s'il parviendra à prendre l’avion. Sur les réseaux sociaux russes, de nombreuses blagues circulent, comme celle qui soutient que la compagnie aérienne en question va cesser son existence d’ici le 17 janvier. 

Plus sérieusement, il court de sérieux risques. J’exclus les deux scénarios extrêmes. Celui, d'abord, où il rentre et poursuit son activité, comme il a pu le faire en dépit de toutes les poursuites, des perquisitions permanentes dans les locaux de son Fonds de lutte contre la corruption. J’ai aussi envie d’exclure le scénario d'un risque direct pour son intégrité physique ou sa vie. Ce serait quand même très gros. Avec cette affaire d’empoisonnement, Alexeï Navalny a acquis une véritable aura internationale. Il a désormais le soutien de la part de chefs d’Etat qui le considèrent officiellement comme « l’opposant numéro 1 ». 

On voit bien, en revanche, la panoplie préparée pour son accueil. Tous les messages envoyés par les autorités et les organes de sécurité vont dans le même sens : le décourager de revenir en Russie. Pour les autorités russes, ce serait le scénario parfait. 

S’il parvient à rentrer, beaucoup d’affaires judiciaires l’attendent, telles que l’affaire Yves Rocher dans laquelle il a été condamné à une peine de prison avec sursis. Aujourd’hui, les autorités menacent de transformer cette condamnation en peine de prison réelle. Le service fédéral de l’application des peines a déjà annoncé que, d’une manière ou d’une autre, il allait être arrêté. Son retour ne sera donc pas facile. 

Pourquoi Alexeï Navalny a-t-il décidé de rentrer en Russie en dépit des risques qui pèsent sur lui ? 

Il est très cohérent avec lui-même. Il a eu la possibilité de quitter la Russie à plusieurs reprises, notamment après un incident, où il avait reçu un antiseptique vert dans l’œil. Il avait alors dû aller se faire soigner dans une clinique à l’étranger, car il risquait de perdre la vue. Mais il a toujours dit clairement : « Je suis avec les Russes, c’est mon pays, mon choix est de rester ici et de me battre pour la liberté et contre la corruption ».

Par ailleurs, en partant s’installer à l’étranger, un homme politique, un opposant, perd de son aura. On l’a bien vu dans le cas de Mikhail Khodorkovski. Alexeï Navalny ne veut surtout pas se transformer en Mikhail Khodorkovski numéro 2.   

Pourquoi choisit-il ce moment pour revenir en Russie ? N’aurait-il pas pu attendre, par exemple, de rentrer plus près des législatives de septembre ?

Les législatives, c’est quand même loin. Je pense qu’il a peur de perdre l’élan. Il y a peut-être aussi un rapport avec l’investiture du président américain Jo Biden qui aura lieu le 20 janvier. Il veut que son dossier pèse aussi dans les relations entre la Russie et l’Occident. 

Et comme il l’a dit lui-même, il n’y a plus de raison valable pour rester plus longtemps en Allemagne. Il se sent en bonne santé et cela fait plus de quatre mois qu’il est à l’étranger. Il a dû sentir que le moment était venu de rentrer. 

Depuis qu’il a repris conscience dans la clinique berlinoise, c’est lui qui choisit le tempo. C’est lui qui décide quand publier les vidéos qui accusent Vladimir Poutine d’avoir personnellement commandité son meurtre ou qui dévoilent les coulisses du FSB, le service fédéral de sécurité, et de ses méthodes curieuses. Il est un vrai casse-tête pour Vladimir Poutine. 

 

> Lire l'entretien sur le site de RFI

 

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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

Intitulé du poste

Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri