Trump et l'électorat populaire blanc
Donald Trump a gagné les primaires républicaines de 2016 grâce à la forte mobilisation d’un électorat bien particulier : les classes moyennes inférieures blanches et non-diplômées.
Le processus de désindustrialisation et la perte d’influence des syndicats, intervenus à partir des années 1970 et accentués par la crise de 2007-2008, ont entraîné la disparition de nombreux emplois industriels peu qualifiés et l’accroissement des emplois de service très peu valorisés. Les membres de la working class ont pour beaucoup d’entre eux « décroché » de la classe moyenne, ou ont peur de voir leurs enfants subir ce même sort.
La déstructuration de la cellule familiale, la hausse du taux de mortalité, la perte de confiance dans le rêve américain sont autant de signes du malaise qui saisit tout particulièrement la population blanche au sein de cette classe moyenne inférieure. A la suite du mouvement des Tea Parties, les électeurs de Trump ont adopté une lecture racialisée de leur situation, blâmant à la fois les immigrés qui tirent les salaires vers le bas et les minorités ethniques qu’ils considèrent comme assistées et sans mérite.
Or, trop occupé depuis plusieurs décennies à modeler sa politique fiscale, économique et migratoire à l’avantage de ses riches donateurs, le Parti républicain a ignoré cette partie de son électorat. La campagne de Trump a su s’adresser à elle en reprenant les deux axes traditionnels du populisme : d’une part un thème identitaire, raciste et anti-immigration ; et d’autre part un thème protestataire, prônant dans ses discours de campagne une régulation de l’argent en politique, une mise au pas de Wall Street et du Big Business, et plus d’égalité sociale.
Cependant, les classes moyennes inférieures blanches sont d’un point de vue démographique en perte de vitesse dans le pays. Suffiront-elles à élire Donald Trump ? Il faudrait pour cela que cet électorat retrouve massivement le chemin des urnes, que les républicains modérés ne se détournent pas en masse d’un candidat qui leur déplait, et que de son côté, la candidate démocrate ne réussisse pas à mobiliser les jeunes et les minorités.
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