Chine/ASEAN : Une diplomatie tous azimuts rondement menée
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Fondée sur une enquête de terrain auprès d'observateurs et responsables de l'ASEAN, cette étude met en évidence le changement fondamental intervenu ces dix dernières années dans les relations entre la Chine et l'ASEAN.
Alors que jusqu'à présent, la Chine avait insisté sur les relations bilatérales avec les pays membres de l'Association, sa diplomatie intègre aujourd’hui l'ASEAN en tant que telle. Plusieurs raisons expliquent ce changement. Tout d’abord, Association régionale "flexible et accommodante", l'ASEAN est un partenaire indispensable à la Chine. Une relation équilibrée avec ses voisins d'Asie du Sud-Est contribuerait sans nul doute à avaliser les transformations du statut international de la Chine, alors que la relation avec la majorité de ses voisins d'Asie du Nord-Est demeure tendue et suspicieuse.
La Chine, pour des raisons objectives (proximité géographique et localisation de l'Asie du Sud-Est sur les grands axes d’échange, liens historiques, communautés chinoises, potentiel économique) ainsi que des motivations géopolitiques (concurrence avec les États-Unis), ne peut donc négliger l'Asie du Sud-Est et l'ASEAN. Ce faisant, elle permet à l'Association de conforter sa "centralité" dans les recompositions régionales ; laquelle, à présent, est de facto reconnue par les États-Unis et l'Union européenne.
Du côté de l'ASEAN, l'intérêt manifesté par la Chine pour la région ne peut être perçu que positivement dans la mesure où la Chine est un partenaire dont la proximité et le dynamisme affectent directement les évolutions régionales.
Pour démontrer sa volonté de valoriser ses relations avec l'ASEAN, la Chine a investi les réseaux de l'Association et s’est fondue avec succès dans son maillage institutionnel. Cet investissement diplomatique, inégalé à la fois dans sa densité, sa qualité et sa régularité, se retrouve dans le soin porté à entretenir de bonnes relations avec le pays membre qui préside l'ASEAN, Pékin ayant parfaitement compris le rôle spécifique de la présidence tournante.
Ce déploiement diplomatique s'accompagne d'une poussée irrésistible des partenaires économiques (à travers une grande diversité d’associations et forums). La réalisation de grands projets d'infrastructure (réseau panasiatique) en fournit d'ailleurs une illustration et inscrit ces rapprochements dans le long terme.
Enfin, les échanges sont également nombreux dans les domaines culturel et académique et on peut d'ores et déjà évoquer un "soft power" chinois dans la région.
Au-delà du discours, l'étude revient sur la question délicate de la Mer de Chine du Sud, épreuve clef pour l’ensemble des intéressés.
Pour l'instant une convergence d'intérêts existe entre la Chine et l'ASEAN, les deux partenaires ayant à gagner au renforcement de leur partenariat, mais le partenariat est en réalité asymétrique. Tant que la Chine aura besoin d’une Association "valorisante", elle soutiendra les initiatives régionales (dont le processus de Communauté ASEAN). Mais qu’elle estime qu'une ASEAN "désordonnée, voire désunie" serait un partenaire plus facile à manipuler, et l'Association serait confrontée à ses propres faiblesses avec les derniers entrants, qui sont aussi les plus proches de la Chine, et plus sensibles à ses arguments. Les consultations ont été lancées pour la rédaction commune d'un Code de Conduite en mer de Chine du Sud : ce projet révélera les intentions réelles, les ambitions et la marge de manœuvre de la Chine comme de l'ASEAN.
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