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Accélérer la transition énergétique en France : s’inspirer des bonnes pratiques de nos voisins européens

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La réussite de la transition énergétique est d’abord un enjeu de bonne gouvernance, celle-ci devant reposer sur l’expertise et la délibération collective.

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Depuis 2008, le Royaume-Uni pilote sa stratégie climatique au travers de budgets carbone juridiquement contraignants à horizon de 5 ans. Ils sont élaborés par le comité sur le changement climatique qui formule aussi des recommandations détaillées, secteur par secteur, en vue de l’introduction des politiques publiques correspondantes. Pour éviter une instabilité réglementaire au gré des alternances politiques, le Danemark mise sur le consensus national en organisant une délibération et une approbation des « accords énergétiques » par le Parlement, sur la base de recommandations proposées entre autres par le Conseil du climat et de l’industrie. En Finlande, un grand ministère de coordination a été établi récemment afin de concevoir des plans de décarbonation sectoriels, en concertation avec les ministères compétents. Les processus d’élaboration de ces plans sont ouverts et inclusifs, avec une mise à disposition des documents préparatoires et études de fond commandées par le gouvernement, et un encouragement donné aux parties prenantes de soumettre des contributions. Ces plans sont ensuite débattus au Parlement avant leur adoption par le gouvernement.

La transition énergétique est aussi un défi en termes de coût-efficacité des politiques publiques, qui doivent déclencher une vague d’investissements dans l’efficacité énergétique, la production d’énergie décarbonée, la décarbonation du transport ou la transformation de l’appareil productif à l’aune de la contrainte climatique. Ce souci d’optimisation de la dépense publique a conduit les Pays-Bas à introduire le mécanisme de subvention SDE++ qui met en concurrence l’ensemble des technologies en fonction de leur capacité à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) au moindre coût pour la collectivité. Ce guichet unique permet d’investir en priorité sur les projets à fort impact climatique, conduisant actuellement à un développement rapide du solaire photovoltaïque sur toitures et de la technologie du captage-stockage du CO2. Au Danemark comme au Royaume-Uni, l’électrification des usages est la voie privilégiée pour décarboner l’économie, en mettant à profit le potentiel de l’éolien en mer du Nord. Les dispositifs de contrats pour différence continuent d’être affinés et le Royaume-Uni poursuit l’expansion du secteur en eaux profondes grâce à la technologie de l’éolien flottant, qui va prochainement être développée au large de l’Écosse à hauteur de 15 gigawatts (GW). Situés à distance des côtes, l’impact visuel de ces installations est réduit par rapport à la production d’énergie renouvelable à terre et l’acceptabilité des projets est également favorisée par la prise en compte des retombées économiques locales dans les procédures d’attribution des licences. Pour ces deux pays, le prochain défi est d’intégrer ces développements dans une vision intégrée du système énergétique, via l’introduction de nouvelles briques technologiques en matière de stockage d’énergie et de production d’hydrogène. Le concept d’île énergétique, porté par le Danemark, ouvre ainsi la perspective d’une couverture totale des besoins nationaux à partir de l’éolien en mer.

En outre, la transition énergétique est un défi industriel sans précédent qui ne peut être relevé sans une approche partenariale entre acteurs privés et publics. Au Danemark, un centre pour les économies d’énergie a été mis en place, avec pour mission de formuler des recommandations aux entreprises afin de réaliser des économies d’énergie/d’électricité. En Allemagne, l’institut Fraunhofer oriente son agenda de recherche et d’innovation en fonction des priorités de financement public et des besoins de l’industrie, pour à la fois concourir à la décarbonation du système énergétique de demain tout en assurant la souveraineté technologique. Ses travaux ciblent prioritairement le solaire photovoltaïque (PV), afin de mettre au point des solutions adaptées à chaque potentiel de production, de développer des concepts de fabrication durable des technologies PV et de revitaliser l’industrie allemande et européenne dans un contexte où les chaînes d’approvisionnement sont fragilisées. Les solutions d’intégration sectorielle offrent aussi un important potentiel de création de valeur et d’avance technologique. Dans le cas de l’éolien en mer qui est un secteur hautement spécialisé et dominé par un petit nombre d’acteurs, le leader européen qu’est le Royaume-Uni met aussi l’accent sur le contenu local dans la sélection des porteurs de projet. La logique de baisse des coûts des technologies est désormais complétée par une logique de sécurisation des capacités industrielles correspondantes.

Enfin, l’échelon de l’État n’est pas suffisant pour couvrir l’ensemble des problématiques associées à la transition énergétique. À ce titre, la Finlande encourage l’expérimentation à tous les niveaux pour favoriser de nouveaux apprentissages scientifiques et normatifs concernant les écosystèmes à faibles émissions de carbone. En Italie, le succès de la politique de mobilité durable menée par la ville de Milan peut également servir d’exemple. Elle se distingue par l’introduction d’un modèle innovant de tarification de l’usage de l’espace urbain qui apporte aussi des solutions pour les livreurs et sociétés du bâtiment, la mise à disposition d’alternatives crédibles à la voiture individuelle, la mobilisation des outils numériques et le déploiement concomitant d’opérations de requalification urbaine. Enfin, l’échelon international mérite une attention particulière, comme le montre l’exemple danois. Il s’agit d’une part de développer les interconnexions électriques pour renforcer la sécurité d’approvisionnement électrique, mais aussi d’établir des partenariats intergouvernementaux pour favoriser la complémentarité des politiques nationales de transition énergétique et assurer un fléchissement plus rapide des émissions mondiales de GES.

 

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979-10-373-0515-2

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Accélérer la transition énergétique en France : s’inspirer des bonnes pratiques de nos voisins européens

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Marc-Antoine EYL-MAZZEGA

Intitulé du poste

Directeur du Centre énergie et climat de l'Ifri

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Carole MATHIEU

Intitulé du poste

Ancienne Responsable des politiques européennes au Centre Énergie et Climat de l'Ifri

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Énergie et Climat
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Le Centre énergie et climat de l’Ifri mène des activités et recherches sur les enjeux géopolitiques et géoéconomiques des transitions énergétiques. Il travaille à la fois sur les enjeux de sécurité énergétique, de compétitivité, de maîtrise des chaînes de valeur, et d'acceptabilité. Spécialisé dans l’étude des politiques européennes de l’énergie et du climat, et des marchés de l’énergie en Europe et dans le monde, ses travaux portent aussi sur les stratégies énergétiques et climatiques des grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde. Il offre une expertise reconnue, enrichie de collaborations internationales et d'événements à Paris et à Bruxelles, notamment.

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