Bad cop, Bad cop : la nomination de Mike Pompeo et John Bolton
La nomination de Mike Pompeo au Département d’État et de John Bolton au Conseil National à la Sécurité a, une fois de plus, plongé les commentateurs dans la consternation et l’hyperbole. Le président Trump nomme deux juristes connus pour leurs positions dures et interventionnistes sur les questions de sécurité. Qui sont-ils et qu’indiquent ces changements ?
Peu connu du grand public, Mike Pompeo, 54 ans, diplômé de West Point, dont il est sorti major, et de l’école de droit Harvard où il fut éditeur de la prestigieuse Harvard Law Review, est directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) depuis janvier 2017. Il était auparavant représentant du Kansas, proche du mouvement conservateur Tea Party. À la Chambre, il s’est distingué par sa pugnacité contre l’accord nucléaire iranien ou dans l’enquête sur le rôle d’Hillary Clinton dans l’attentat contre l’ambassade des États-Unis à Benghazi. Ce favori des Koch Brothers s’est éloigné de ses sponsors libertariens en soutenant activement les nouveaux programmes de surveillance de la CIA et de la National Security Agency (NSA). Ce vétéran de l’armée de Terre est un expert du renseignement, connu pour son soutien aux opérations clandestines. Au département d’État, il devra composer avec une administration démoralisée par les coupes budgétaires, les démissions en masse et une marginalisation sous Rex Tillerson.
À 69 ans, John Bolton, connu pour un tempérament difficile et sa maîtrise de la bureaucratie, devra coordonner les options présentées au président par les agences de politique étrangère, en tant que Conseiller national à la sécurité. Contributeur régulier à Fox News et analyste à l’American Enterprise Institute (AEI), Bolton est considéré comme très conservateur. Il s’est déclaré favorable à des frappes contre la Corée du Nord et l’Iran, et affiche par ailleurs un mépris assumé du multilatéralisme et des organisations internationales. Ce mépris s’étend à l’Union européenne (UE) : dans un mémo publié par l’AEI Bolton s’est réjoui du Brexit en appelant à un approfondissement de la relation bilatérale entre Washington et Londres. Après divers postes aux Départements d’État et de la Justice, il devient en 2001 sous-Secrétaire d’État pour le contrôle des armements et la sécurité internationale, où il se distingue par son opposition à la Cour pénale internationale, son scepticisme face au contrôle des armements et son soutien à la guerre en Irak. Il devient par la suite un ambassadeur clivant et controversé aux Nations unies. Ses (nombreux) critiques le dépeignent comme un interventionniste forcené qui n’a « jamais rencontré une guerre qu’il n’a pas aimée ». Ses partisans le voient comme un négociateur efficace, sceptique vis-à-vis de la diplomatie, partisan d’une dissuasion appuyée sur la menace permanente de l’usage de la force. Malgré ses positions interventionnistes, Bolton cite comme modèles des réalistes traditionnels comme James Baker (Secrétaire d’État et directeur de cabinet de George H. W. Bush) ou Brent Scowcroft (conseiller national à la sécurité de Gerald Ford et George H. W. Bush).
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