Avec

Olivier Costa, directeur de recherche CNRS au CEVIPOF, spécialiste des institutions et politiques de l'Union européenne et de la représentation parlementaire
Agathe Demarais, économiste, Responsable des travaux du Conseil Européen pour les Relations Internationales (ECFR) dans le domaine de la géoéconomie
Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman et Président de l’ILERI (Institut Libre d’Etudes des Relations Internationales)
Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'IFRI

« Whatever it takes, quoi qu’il en coûte » ! : cette formule lancée en 2012 par Mario Draghi, alors président de la Banque centrale européenne, a fait florès, avec des résultats mitigés. Mais, à l’époque, en pleine crise de la dette souveraine, l’économiste a déployé les grands moyens et sauvé l’euro en l’arrachant à la spéculation des marchés financiers.
C’est dire la légitimité et le poids du rapport de 400 pages que vient de remettre cet Italien peu loquace à la présidente de la Commission européenne. Selon lui, l’Europe traverse un moment existentiel : son dynamisme et sa raison d’être sont menacés tant le décrochage s’accélère par rapport aux deux grandes puissances économiques mondiales que sont les Etats-Unis et la Chine.

Pour une dynamique commune ?

Innovation, technologie, numérique, décarbonation, compétitivité, sécurisation des matières premières ... ce n’est qu’en regroupant leurs forces que les Européens parviendront à tenir la distance et à préserver leur modèle social. Chaque année, les 27 devraient investir 800 milliards d'euros tout en parachevant le marché intérieur et en unifiant leurs marchés de capitaux. L’Union devrait également continuer à émettre des emprunts communs semblables à ce qui avait été adopté pour surmonter la pandémie du Covid 19. "Super Mario", comme le surnomment ses admirateurs, dénonce par ailleurs la propension des institutions européennes à produire trop de régulation, contradictoire et restrictive, et préconise un mode de gouvernance plus souple et productif. Voilà donc pour le diagnostic et l’énoncé des remèdes. En outre, vont-ils rejoindre au fond des tiroirs quantité de recommandations rarement suivies d’effet, ou ont-ils la moindre chance de provoquer le rebond nécessaire ?
Une nouvelle Commission doit être annoncée la semaine prochaine, avant de passer le test du Parlement européen. L’Allemagne et la France sont-elles en l’état de s’accorder sur une dynamique commune ? D’autres partenariats sont-ils possibles ? Des Etats-Unis à la Chine, le protectionnisme est de retour. L’Europe a-t-elle les moyens et la volonté de résister et d’enrayer son déclin ?

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