Alors que Mario Draghi, économiste et ancien premier ministre italien, a remis à la Commission européenne un rapport sur l'avenir de la croissance des économies européennes, les invités François Geerolf et Sébastien Jean débattent des causes du "décrochage" économique de l'Union Européenne (UE) face aux Etats-Unis. Cantonnée à une croissance légère, l'UE a perdu 15 points de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) sur 25 ans par rapport aux Etats-Unis. Les invités mettent en lumière les défis structurels de l’Union européenne et, en particulier, ceux liés à la coordination économique au sein de la zone euro. Ils abordent principalement la question de la gestion des déficits publics, du rôle de l'Allemagne, et des enjeux industriels et climatiques.

Peut-on parler d'un "décrochage économique" ?

Le débat sur le décrochage économique de l'Europe, et plus spécifiquement de la France, met en lumière plusieurs aspects complexes et imbriqués. Ce terme, bien que fort et imagé, permet de saisir certaines réalités économiques. Sébastien Jean, en modérant l'usage de ce mot, souligne que le phénomène est moins brutal que l'image que le mot "décrochage" véhicule, mais reste néanmoins préoccupant. François Geerolf, quant à lui, estime que ce terme illustre bien le contexte économique, notamment en ce qui concerne l'écart croissant entre l'Europe et les États-Unis depuis plusieurs décennies.

L'Union Européenne, une désunion budgétaire ?

Sébastien Jean souligne que le principal défi de l'Europe réside dans sa capacité à coordonner ses politiques budgétaires, un obstacle majeur pour avancer ensemble. "La zone euro pourrait faire beaucoup plus (...) si elle décidait, de façon coordonnée, de faire plus en termes de dépenses publiques, par exemple, ou d'endettement", affirme-t-il. Cependant, cette coordination est difficile, notamment avec l’Allemagne, qui impose ses propres règles strictes, tandis que d’autres pays peinent à suivre le rythme.

François Geerolf, économiste à l'OFCE, chercheur et professeur associé à Sciences Po Paris.

Sébastien Jean, professeur d'économie au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) ; responsable du programme Géoéconomie et géofinance de l'IFRI

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