Et en surprise, le parti d'extrême droite RN était en troisième malgré des sondages très favorables. Si on peut éviter le pire, c'est-à-dire, une cohabitation avec le RN, le fait qu'aucune tendance politique a obtenu une majorité claire pour former le gouvernement, cela pourrait affaiblir la France en Europe. 

Explication de Marie Krpata, chercheuse sur les relations franco-allemandes, à l'Institut français des relations internationales (IFRI).

Emmanuel Macron a été un moteur au sein de l'Union européenne sur certains sujets. Dans son discours à la Sorbonne de 2017, il a proposé un certain nombre de propositions sur la manière de faire avancer l’Union européenne. Cela a été suivi par le discours de Sorbonne 2024 qui a accru l'élan sur la manière d'améliorer l'Union européenne, même s'il s'est montré beaucoup plus pessimiste, affirmant que l'Europe était « en train de mourir ».

Comment ce résultat électoral affectera-t-il la position de la France en Europe ? L'affaiblissement de M. Macron et l'entrée de la France dans une période de « coexistence politique » pleine d'incertitudes affecteront-ils le leadership franco-allemand ? 

Marie Krpata  : Si la France doit tomber dans une situation de « coexistence » politique, ou si l'Assemblée nationale ne dispose pas de la majorité absolue, la France sera contrainte de chercher des alliances pour faire adopter des documents juridiques. Il faut qu'ils négocient, se consultent, et donc ça devient très compliqué, car la France a un modèle politique vertical. Ainsi, si la France doit concentrer toute son attention sur les questions de politique intérieure, cela aura nécessairement un impact négatif sur la locomotive franco-allemande.

Mais la situation en Allemagne n'est pas très brillante, car en août 2023, on se souvient que The Economist titrait sur cette question : « L'Allemagne est-elle ou non le nouveau malade de l'Europe ? En effet, ce journal fait allusion au fait que la situation économique allemande n'est pas celle attendue : une croissance stagnante, une inflation élevée et des prix de l'énergie en hausse rendent difficile la compétitivité des établissements industriels allemands.

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Alors, avec l'absence de la France en Europe en raison de l'instabilité politique interne, l'Allemagne peut-elle profiter de cet espace pour imposer ses vues sur les politiques de l'Union européenne ?

Marie Krpata : Ce que nous avons vu depuis le début de la guerre en Ukraine, c'est que l'Allemagne a travaillé en étroite consultation avec les États-Unis, par exemple en envoyant des chars Leopard avec des conditions de livraison de chars Abrams, en fournissant des véhicules blindés Marder assortis des conditions d'envoi. Véhicules blindés Bradley. On peut dire que l’Allemagne se trouve véritablement dans une position de potentiel économique. Une force que l’Allemagne s’est affirmée dans l’aspect économique et dans la chaîne de valeurs internationalisées depuis la Seconde Guerre mondiale et la fin de la guerre froide. Mais aujourd’hui, cette position de l’Allemagne commence à atteindre les limites de son système et de son modèle économique, en raison de la fragmentation des économies mondiales.

Il existe en effet des pratiques commerciales déloyales, des contrôles à l’exportation et des restrictions à l’accès aux marchés. En réalité, l’Allemagne s’affaiblit économiquement, en partie à cause des politiques industrielles menées par la Chine et les États-Unis. La Chine, avec "Made in China 2025", veut devenir la première puissance manufacturière d’ici 2049. Les États-Unis ont adopté une loi sur la réduction de l’inflation, qui promeut les technologies vertes produites en Amérique par le biais de subventions et de prêts.

L'Allemagne s'affaiblit donc économiquement, mais le pays a également du mal à s'affirmer dans des domaines dans lesquels l'Allemagne ne se sentait pas vraiment à l'aise jusqu'à présent, comme la sécurité et la défense, des aspects que le pays a négligés en raison de son histoire.

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