La Turquie en marge du Golfe : un Spectateur Enragé
Huit ans après le déclenchement des "printemps arabes" et deux ans après la rupture des relations diplomatiques entre les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et le Qatar, la Turquie semble marginalisée dans le Golfe Persique. Alors que le parti du Président Erdogan a entamé depuis son arrivée au pouvoir en 2002 une politique "néo-ottomane" et tournée vers le Moyen-Orient, les "printemps arabes" ont révélé une logique de compétition entre puissances concurrentes.
La Turquie, qui tentait depuis un siècle de maintenir des relations équidistantes avec l’ensemble des pays de la péninsule arabique, se retrouve dans le camp de Doha et est régulièrement visée par la vindicte de Riyad et d’Abu Dhabi, qui se sont entretemps rapprochés d’Israël — un autre ennemi d’Erdoğan. Un conflit par procuration s’engage sur les théâtres militaires (Syrie, Libye) et sur le terrain de la communication, tous les moyens étant bons pour dénigrer l’autre partie. La mise en scène savante organisée par les autorités turques à l’automne 2018 autour du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul a ainsi marqué une montée spectaculaire de l’antagonisme entre, d’une part, une monarchie saoudienne qui se pique de réformes et, d’autre part, une Turquie qui s’éloigne de plus en plus des us et coutumes démocratiques.
Malgré cet épisode, le soutien apporté par Donald Trump au prince Mohammed Ben Salmane ne s’est jamais démenti et l’affaire Khashoggi, pour dramatique qu’elle soit, n’a pas eu l’effet de rééquilibrage espéré par la Turquie. Elle illustre ainsi les limites de l’agitation turque dans la région : dépassée par la dynamique propre du sous-système golfien, marginalisée dans l’affrontement qui oppose l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis (EAU), Israël d’un côté, et l’Iran de l’autre, la Turquie craint de se retrouver à l’écart du grand jeu en cours au Moyen-Orient.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
La Turquie en marge du Golfe : un Spectateur Enragé
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesDerrière le mirage : une sociologie politique de l'industrie musicale saoudienne
Cette étude porte un regard critique sur l’industrie musicale saoudienne qui est présentée comme une composante importante de la stratégie de diversification économique promue par le prince héritier Mohammed ben Salman. Elle analyse l’enchevêtrement des investissements étatiques dans le secteur de la musique avec les enjeux d’une gouvernance autoritaire. L’article souligne les défis de cette construction d’une industrie musicale « par le haut ». S’il est loin d’être certain que ces efforts contribueront de manière significative à la diversification économique du royaume ou à l’accroissement de son influence culturelle, ils participent néanmoins à la consolidation du pouvoir saoudien et remodèlent le paysage culturel régional.
La diplomatie des otages de Téhéran. Le cas des Européens détenus en Iran
La diplomatie des otages de la République islamique d’Iran désigne une stratégie politique et diplomatique dans laquelle Téhéran utilise la détention de citoyens occidentaux, de binationaux ou de citoyens iraniens résidant en Europe, en Australie ou aux États-Unis comme levier dans les négociations diplomatiques. Cette pratique vise à exercer une pression pour obtenir des concessions politiques, économiques ou diplomatiques dans le cadre de la stratégie de Téhéran dite de la réponse asymétrique.
Israël-Gaza après le 7 octobre
Le conflit à Gaza met aux prises deux acteurs en crise interne : des Palestiniens sans représentation crédible et des Israéliens politiquement très clivés. Les solidarités avec l’un et l’autre camp s’ordonnent internationalement de manière nouvelle, avec les poids inédits des opinions et d’instances internationales qui affectent le rapport de force global. Seule une mobilisation internationale pourra rendre possible une solution à deux États, unique sortie crédible pour un conflit séculaire.
Turquie-Afrique : une Pax Ottomana entre l’Éthiopie et la Somalie ?
Avec plusieurs objectifs en vue, dont celui de devenir un acteur diplomatique incontournable sur la scène régionale et internationale, Ankara tente de rapprocher Hargeisa et Addis Abeba qui s’opposent sur un accord entre ce dernier et le Somaliland. Si la troisième réunion prévue mi-septembre a été repoussée, l’initiative a permis de préserver un canal de discussion... Et les nombreux intérêts turcs dans la région.