La politique commerciale de Trump : faire reculer la Chine

Sans renouer avec le protectionnisme pratiqué par les États-Unis jusqu’aux années 1930, la guerre commerciale lancée par l’administration Trump depuis début 2018 remet en cause les principes et les institutions du libre-échange.
Les taxes mises en place, fondées sur des dispositions d’exception des textes de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), s’appuient sur des lois américaines sur le commerce antérieures à l’OMC. Bénéficiant d’un certain consensus bipartisan dans le pays, cette démarche vise à améliorer les termes de l’échange avec les partenaires commerciaux, mais surtout à entraver la puissance croissante de la Chine.
La théorie du « tarif douanier optimal » explique l’intérêt des barrières douanières pour les puissances économiques telles que les États-Unis pour contraindre les partenaires à ouvrir leurs marchés ou renoncer à des politiques économiques jugées néfastes aux intérêts américains. Le président Trump a ainsi imposé la renégociation d’accords régionaux, tels que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et l’accord de libre-échange entre les États-Unis et la Corée du Sud (KORUS). Il privilégie la négociation d’accords bilatéraux ou régionaux par rapport aux mécanismes globaux de l’OMC, qu’il dénonce.
Dans les faits, les conséquences de ce retour du protectionnisme sous égide américaine pourraient cependant rester modestes pour l’économie mondiale et même pour le commerce international. Du côté de l’Union européenne (UE), où le front commun anti-Trump des négociateurs tient bon jusqu’à présent, la réduction des échanges sino-américains pourrait permettre une hausse des exportations vers les États-Unis. Surtout, le recadrage des pratiques commerciales frauduleuses de la Chine et la réforme des règles de l’OMC, exigés par les États-Unis, seraient au final une avancée très positive.
Le retour des barrières tarifaires et la multiplication d’accords commerciaux hors-OMC restent cependant contraires à la philosophie d’ouverture qui préside aux relations économiques internationales depuis 1945. À terme, deux systèmes d’échanges commerciaux parallèles – un américain et un chinois – pourraient émerger.
Prise par surprise jusqu’à présent, la Chine ne semble pas encore avoir élaboré une réponse à ce qui apparaît comme un défi à sa volonté d’étendre sa puissance économique et commerciale à travers le monde. Sa réaction sera décisive.
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