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Le stockage d’électricité est devenu un projet franco-allemand

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interviewée par Jean-Claude Bourbon dans

  La Croix
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La France et l’Allemagne veulent aller vite dans la création d’un leader européen des batteries pour contrer la concurrence asiatique. Carole Mathieu, spécialiste du sujet à l’Institut français des relations internationales (Ifri), décrypte les enjeux industriels. Entretien.

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La Croix : La France et l’Allemagne viennent d’annoncer un accord pour travailler ensemble sur un projet d’usine de batteries en Europe. Quelle est la portée de cet engagement ?

Carole Mathieu : Cette déclaration franco-allemande faite par les ministres de l’économie des deux pays est importante. Elle s’inscrit dans le cadre d’une coopération renforcée entre la France et l’Allemagne en matière de transition énergétique et montre une volonté d’aller vite. Le sujet est loin pourtant de faire consensus de chaque côté du Rhin avec des choix radicalement différents. L’Allemagne a ainsi décidé de sortir du nucléaire, ce qui l’oblige à garder encore une part importante de charbon durant de nombreuses années.

Mais les deux pays ont besoin de trouver des points d’accord sur l’énergie. La création d’une filière européenne de batteries peut être un petit dénominateur commun. Le stockage de l’électricité est devenu un projet franco-allemand, qui présente en plus l’avantage de présenter une dimension industrielle très forte. Les deux gouvernements affichent leur volonté d’aller vite avec des propositions de projets avant la fin du premier trimestre 2019, pour une décision de la Commission à la fin du premier semestre.

Que va-t-il se passer maintenant ?

C. M. : Cette déclaration ministérielle oblige aussi les deux pays à s’entendre et à coopérer. La France et l’Allemagne ont compris qu’ils avaient intérêt à s’allier. Mais insister sur le fait qu’il s’agit d’un important projet d’intérêt européen avec une forte dimension transfrontalière ne doit rien au hasard. Cette classification permet à la Commission d’autoriser les aides d’État.

L’annonce franco-allemande est un moyen de rebattre les cartes sur le plan industriel et de pousser les différents consortiums qui ont été créés sur le sujet, à travailler un peu plus ensemble. Il y a par exemple le groupement créé par Saft, Solvay et Siemens ainsi que Terra-E en Allemagne qui a reçu un fort soutien public.

Les industriels concernés sont tous, peu ou prou, concurrents et peuvent être réticents à s’allier. C’est la raison pour laquelle ils sont demandeurs d’une implication des États sur ce sujet pour fixer des règles.

Mais les deux gouvernements sont également arrivés à la conclusion que rien ne pouvait marcher si les constructeurs automobiles ne s’impliquent pas dans le projet, car ce sont eux qui vont remplir le carnet des commandes.

Les constructeurs sont-ils prêts à s’associer au projet ?

C. M. : Pour l’instant, il n’y a pas de réponse évidente. Les constructeurs sont prêts à avoir des batteries européennes, car ils ont besoin qu’elles soient proches des zones de production et de consommation des voitures. Ils ne sont pas prêts non plus à payer n’importe quel prix et ils ne veulent pas se lier avec un seul acteur. Les fabricants asiatiques l’ont d’ailleurs vite compris et ont annoncé des projets de construction de quatre usines en Europe.

La Commission européenne a toutefois son mot à dire, avec son projet de révision de la directive batterie. Elle pourrait renforcer les exigences environnementales, notamment en matière de recyclabilité.

Les tractations sur ce que l’on a maintenant coutume d’appeler « l’Airbus des batteries » ne font que commencer et promettent d’être complexes, avec en particulier la localisation du ou des sites de production.

Recueilli par Jean-Claude Bourbon

Lire l'interview sur le site de La Croix

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Carole MATHIEU

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Ancienne Responsable des politiques européennes au Centre Énergie et Climat de l'Ifri

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