15
sep
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Tatiana KASTOUEVA-JEAN, citée par Benjamin Quénelle et Yves Bourdillon dans Les Echos

Russie-Chine : Vladimir Poutine cherche éperdument l'appui de Xi Jinping

La première rencontre, en Ouzbékistan, entre le président russe et son homologue chinois depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe a donné lieu à de vigoureuses déclarations d'amitié. Mais pour les signes d'appui concret, le Kremlin risque de devoir patienter. Une commune défiance de l'Occident mais guère plus que de belles paroles. Bousculé sur le front militaire en Ukraine, sanctionné par les Occidentaux, le président russe, Vladimir Poutine, a marqué, une nouvelle fois, son virage vers l'Orient en affichant son entente avec son homologue, Xi Jinping, ce jeudi, à Samarcande. 

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C'est dans cette cité historique de l'Ouzbékistan qu'était organisé le sommet des dirigeants des Etats membres de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), structure rassemblant tous les poids lourds d'Asie, hors extrême Orient : Chine, Russie, Inde, Pakistan, Turquie et ex-républiques soviétiques d'Asie centrale.

 

Relation « cruciale »

« Dans les conditions de confrontation avec l'Occident, la relation avec la Chine est cruciale pour Vladimir Poutine : soutien politique, marché pour les hydrocarbures, source de financements… La capacité de la Russie à traverser cette période difficile dépend beaucoup de l'ami chinois », analyse Tatiana Kastouéva-Jean, chercheuse spécialiste de la Russie à l'IFRI (Institut français des relations internationales à Paris).

Peu avant son offensive en Ukraine en février, les deux présidents s'étaient d'ailleurs rencontrés à Pékin lors des Jeux olympiques d'hiver , avec à la clef un long communiqué conjoint de plus de 5.000 mots. Les deux présidents y déclaraient une amitié « sans limites ».

Quelques semaines auparavant, en décembre 2021, lors de sa traditionnelle grande conférence de fin d'année, Vladimir Poutine avait confié ressentir des « vibrations personnelles » pour Xi Jinping. Depuis 2014, la crise ukrainienne, les sanctions occidentales, les tensions avec l'Europe et les Etats-Unis, Moscou ne cesse de mettre en scène ce rapprochement pour mieux montrer qu'il n'est pas isolé internationalement.

Pas de fourniture d'armes

Mais avant même le conflit en Ukraine, diplomates et hommes d'affaires chinois n'étaient pas dupes et le faisaient payer par des accords longuement négociés. Les vielles méfiances entre les deux pays, héritées des années communistes, demeurent. Les rapports de force entre la deuxième économie mondiale et la dixième jouent aussi. Et, au-delà des projets énergétiques, les rapprochements économiques n'étaient pas si nombreux.

La rencontre à Samarcande, joyau architectural ouzbek de l'ancienne Route de la soie et symbole des liens russo-chinois, est donc importante pour le Kremlin. « Vladimir Poutine sait que l'idée d'une alliance Pékin-Moscou est redoutée en Occident », souligne Tatiana Kastouéva-Jean

Mais dans les faits, le soutien chinois à son allié russe ne se matérialise guère. Pas de fourniture d'armes, pas d'exportations de composants industriels, notamment les cruciaux semi-conducteurs, couverts par les sanctions de l'Occident.

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C'est un vrai casse-tête pour l'industrie russe, civile et militaire car, de facto, les entreprises chinoises respectent les sanctions occidentales. Elles n'oublient pas que le marché américain est, pour elles, en moyenne huit fois plus important que le marché russe.

  • « A Samarcande, Poutine devait essayer d'obtenir de Xi plus de gages, symboliques mais surtout concrets. Mais ce n'est pas évident dans les conditions de défaites militaires russes sur le terrain et des questionnements montants dans les élites russes pour la suite », prévient Tatiana Kastouéva-Jean.

Vu le contexte, Vladimir Poutine risquait de ne pas obtenir grand-chose de Xi Jinping.

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conflit en Ukraine Organisation de coopération de Shanghai (OCS) Chine Ouzbékistan Russie Ukraine
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