06
déc
2018
Espace Média L'Ifri dans les médias
Barbara KUNZ, citée dans Le Parisien par Nicolas Berrod

Allemagne : qui sont les candidats à la succession d’Angela Merkel à la CDU ?

Trois candidats au profil différent s’affrontent pour succéder à Angela Merkel à la tête de la CDU, le parti conservateur, qui tient son congrès ce vendredi. C’est un règne de presque 18 ans qui prend fin. La chancelière allemande Angela Merkel, présidente de la CDU depuis avril 2000, va rendre son poste à la tête du parti conservateur ce vendredi 7 décembre. Les militants, réunis en congrès, s’apprêtent à élire leur futur chef parmi trois postulants.

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Derrière la bataille pour la succession, se joue aussi la question de la ligne politique. Car Angela Merkel a recentré la CDU ces dernières années, faisant à plusieurs reprises alliance avec les sociaux-démocrates pour former un gouvernement. Mais certains cadres du parti, affolés par la percée de l’AfD (extrême-droite), plaident au contraire pour une ligne beaucoup plus ferme. Passage en revue des trois candidats.

Annegret Kramp-Karrenbauer, l’héritière

Elle en a assez d’être surnommée la « mini-Merkel ». Annegret Kramp-Karrenbauer, nommée secrétaire générale de la CDU par la chancelière en février dernier, a pourtant bien un profil d’héritière de l’actuelle présidente du parti. « AKK », comme on l’appelle aussi, partage avec Angela Merkel un même positionnement modéré, même si elle est par exemple opposée au mariage pour les homosexuels.
Cette ancienne ministre régionale de la Sarre s’est, en revanche, démarquée pendant sa campagne en plaidant pour consulter davantage la base du parti. En tant que secrétaire générale du parti, elle s’est lancée il y a plusieurs mois dans une tournée en Allemagne, à la rencontre des militants. « Ça a été très bien vu par les gens, elle est proche d'eux et elle fait campagne sur ça », indique Barbara Kunz, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri) et spécialiste de l’Allemagne.

Friedrich Merz, le revanchard

Premier candidat déclaré, Friedrich Merz, 63 ans, a l’occasion de prendre sa revanche sur Angela Merkel. En 2002, la chancelière avait évincé cet ambitieux de la présidence du groupe parlementaire. Merz, qui n’est même plus député depuis 2009, s’est depuis reconverti dans l’entreprise et la finance. « À ceux qui lui reprochent de ne pas être un nouveau venu, il répond qu’il a du succès dans son métier et qu’on reproche suffisamment à certains de ne faire que de la politique », indique Barbara Kunz.

Mais ce millionnaire décomplexé, qui possède deux jets, pourrait pâtir de sa gaffe sur « la classe moyenne », à laquelle il avait dans un premier temps dit appartenir. Côté atouts, Friedrich Merz, proche des entreprises, incarne la culture d’origine conservatrice-chrétienne de son parti. « C’est un retour aux sources qui va attirer les militants qui trouvent Merkel trop ouverte sur des sujets comme les réfugiés ou le mariage pour tous », analyse la politologue.

Jens Spahn, l’outsider

Il n’a quasiment aucune chance de l’emporter, mais compte bien se placer pour la suite. Jens Spahn, 38 ans à peine, mais député depuis 2002, peut se targuer de représenter la nouvelle génération. Tout à la fois catholique pratiquant et homosexuel -il s’est marié avec son compagnon en décembre 2017, il défend lui aussi une grande fermeté sur l’immigration.

En 2015, lorsqu’Angela Merkel annonce ouvrir les bras de l’Allemagne aux migrants, Jens Spahn se révèle en opposant de l’intérieur et s’oppose ouvertement à la chancelière. Cette dernière le nomme ministre de la Santé en mars dernier, espérant peut-être l’assagir. Dans cette course à la présidence, il a trouvé, avec Merz, quelqu’un de plus expérimenté sur ce créneau très conservateur. Mais il peut se permettre d’attendre un peu.

 

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