Face à la Chine, l’aveuglement français : « On va refaire les mêmes erreurs qu’avec Poutine »
Alors que Xi Jinping est en visite en France lundi et mardi, Emmanuel Macron se veut le champion de l’« autonomie stratégique » de l’Europe. Mais sa politique envers Pékin, qui évite les sujets sensibles, brouille son message et dessert son ambition.
Le traumatisme est toujours là. Les spécialistes de la Chine, qui avaient été reçus à l’Elysée avant la visite d’Emmanuel Macron à Pékin en avril 2023, se sont sentis floués par le président français. Ils l’avaient mis en garde contre les chausse-trapes et manipulations dans lesquelles les dirigeants chinois excellent. Pourtant, le 8 avril, dans l’avion qui le ramenait en France, le président s’était livré à des déclarations fracassantes : Taïwan, ce n’est pas notre problème, avait-il dit en substance. « Le grand risque pour l’Europe serait de se retrouver entraînée dans une crise qui n’est pas la nôtre, de devenir le vassal de Washington. La pire chose serait que nous soyons suivistes des Etats-Unis sur le sujet de Taïwan, que nous nous adaptions au rythme américain et à la surréaction chinoise… ».
Des propos ahurissants, accueillis dans le monde par une formidable volée de bois vert et qui montraient à quel point Macron sous-estimait le rôle crucial de Taïwan pour la sécurité de l’Europe. En laissant entendre que les tensions dans le détroit de Formose seraient imputables aux Etats-Unis, il montrait aussi son dédain pour les experts en géopolitique qui l’avaient alerté sur la responsabilité de Pékin dans l’aggravation des menaces militaires dans la région.
« Je suis peut-être un peu moins inquiet, nuance Marc Julienne, directeur du centre Asie de l'Institut français des Relations Internationales (Ifri). Je pense que les autorités françaises se font moins d'illusions à propos de la Chine. Elles se tromperont moins sur ce qu'on peut attendre d'elle. »
« Cette relation contradictoire avec la Chine brouille le message de la France dans la région, déplore Marc Julienne. Les Japonais, par exemple, ne comprennent pas que la France se veuille un partenaire militaire fiable et que son président soit en même temps un grand ami de Xi Jinping et rejette sur les Américains la faute des tensions. »
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L'Elysée fait valoir qu'à chaque échange Volodymyr Zelensky insiste pour que la France prie Xi Jinping de faire pression sur Poutine. Le sujet sera donc de nouveau au menu de la rencontre de mai. Mais peu d'experts pensent qu'Emmanuel Macron pourra persuader Xi Jinping de sortir de ce que Marc Julienne appelle sa « neutralité prorusse ».
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> Lire l'article dans son intégralité sur le site de Le Nouvel Obs.
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