Erdogan entame une troisième décennie à la tête de la Turquie
L'union inédite des oppositions n'y aura rien changé. En Turquie, Recep Tayyip Erdogan a été réélu hier pour 5 années supplémentaires à la tête d'un pays plus que jamais fracturé et plongé par ailleurs dans une profonde crise économique.
Pour la toute première fois depuis vingt ans, les Turcs avaient enfin l'occasion de voter au second tour d'une élection présidentielle. Et comme à chaque fois depuis deux décennies ininterrompues, ils ont choisi de remettre à nouveau leur destin entre les mains de Recep Tayyip Erdogan. Avec un peu plus de 52% des suffrages, l'indétrônable guide a réussi à faire oublier la crise du pouvoir d'achat, en même temps que les critiques de tous ceux qui l'accusent de nuire à la démocratie. Ni le désir de changement, pas plus que les conséquences du terrible séisme, pas même l'autoritarisme forcené du régime n'auront réussi à peser face au désir de sécurité d'une part et de stabilité d'autre part.
Pour autant, la victoire d'Erdogan ce matin a du mal à ne pas révéler un pays fracturé, où près de la moitié de la population a vu ses espoirs de transformation brisés. Et ce désarroi est tout particulièrement visible chez les jeunes.
Quoi qu'il en soit, pour s'offrir un troisième mandat et entamer ainsi une troisième décennie à la tête du pouvoir, Recep Tayyip Erdogan aura essentiellement utilisé une rhétorique nationaliste et conservatrice, rejetant ainsi au second plan les difficultés économiques profondes de son pays. Il n'empêche que l'incertitude quant aux conséquences de sa réélection a déjà fait reculer hier la livre turque proche d'un plus bas historique.
Dorothée Schmid, chercheuse, responsable du programme Turquie contemporaine et Moyen-Orient de l'IFRI
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